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Syd Matters – Ghost Days

SYD MATTERS – Ghost Days
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SYD MATTERS - Ghost DaysContrairement à ce que l’on pourrait croire, "Ghost Days" n’est pas une allusion subtile à "Ghost Dog". Bien plus qu’à un film de Jim Jarmusch sur les samouraïs, le titre du troisième album de Syd Matters fait référence aux conditions de sa composition. Jonathan Morali aurait écrit ces morceaux dans un enfermement total, hors du monde, pris dans un projet d’expérimentation étrange : voir ce qui se passe lorsqu’il ne se passe rien.
Avec un tel contexte de composition, et de la part de quelqu’un qui s’est souvent fait le chantre d’une nostalgie douce-amère, on aurait pu s’attendre à ce que "Ghost Days" soit marqué par l’absence et par la contemplation. Mais cette attente est déjouée dès l’ouverture de l’album : la lente montée en tension de la guitare et des cuivres sur "Everything Else" donne clairement le sentiment d’une joie contenue. On a l’impression d’une nouvelle naissance, comme si les jours fantômes avaient permis au jeune Français de faire peau neuve. Cet optimisme nouveau se retrouve sur plusieurs titres. "Cloudflakes" est un morceau aux accents enfantins, presque ludiques, tandis que "It’s a Nickname" se caractérise par une légèreté jusque là inconnue chez le chanteur de folk parisien. L’optimisme n’est pas la seule nouveauté de cet album, qui parcourt une grande variété d’ambiances et d’états, parfois au sein d’un même morceau. "Me and My Horses" s’ouvre sur une trame pop enjouée et finit par s’assombrir pour se clore dans une pesanteur qui n’est pas sans rappeler certains morceaux de Radiohead. À côté de titres résolument folk ("Big Moon", "My Lover’s on the Pier"), on a des morceaux plus pop ("Anytime Now"), et d’autres aux ambiances plus chargées (la fin de "Louise"). Les arrangements sont, de manière générale, plus variés et plus élaborés que sur "Someday We Will Foresee Obstacles" : accords de piano façon britpop, cuivres et chœurs, nappes de synthé aux accents féeriques.
Plus que le chant solitaire d’un Parisien mélancolique, "Ghost Days" nous présente la complexité d’un univers clair-obscur, tantôt merveilleux, tantôt sombre, auquel s’intègrent parfaitement les images de Jason Glasser. Cet artiste, auquel Jonathan Morali a demandé d’illustrer ses morceaux par quelques clips, plante un décor d’un onirisme aux accents tragiques (un vieux centaure errant, en quête de repos ; des figures de papier sans consistance, prêtes à disparaître) qui épouse à merveille l’univers musical de l’album. Un univers riche et envoûtant dans lequel il est non seulement facile mais aussi conseillé de se laisser porter.

Catherine Guesde

A lire à propos de Syd Matters :
Syd Matters – Interview (2008)
Syd Matters – Someday We Will Foresee Obstacles (2005)
Syd Matters – A Whisper and a Sigh (2003)
Syd Matters – Fever In Winter, Shiver In June (2003)

Everything Else
I Was Asleep
Ill Jackson
It’s a Nickname
Ghost Days
My Lover’s on the Pier
Cloudflakes
After All These Years
Louise

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