H-BURNS, JASON MOLINA, STANLEY BRINKS – Mains D’Oeuvres, Saint-Ouen, Le 21/11/2007
Ambiance très intimiste dans la petite salle de Mains d’Oeuvres qui accueille trois grands songwriters. Drapés d’une faible lueur douceâtre, se succèdent, dans l’ordre, H-Burns, Jason Molina et Stanley Brinks. L’heure est au dénuement. On a l’impression que ces trois âmes solitaires sont venues dans leur plus simple appareil pour offrir des comptines rongées jusqu’à l’os. On se croirait presque en face de la substantifique moelle de la musique.
Le jean est de mise, seule la couleur de la chemise distingue nos trois guitaristes esseulés. Tout en noir, H-Burns s’installe discrètement. Son folk, simple et sobre instaure un doux climat rêveur. Suit Jason Molina, échappé de son projet collectif, Magnolia Electric Co. Chapeau de Cowboy vissé sur la tête et chemise de bûcheron à carreaux sur les épaules, il livre une performance forte. D’une sensibilité extrême, sa voix haut perchée forme un heureux ménage avec le jeu de guitare cristallin du bonhomme. En virtuose aguerri, il n’en fait pas trop et laisse son subtil jeu, tout en hammers, exprimer toute sa mélancolie.
D’apparence plus gaie, avec cette chemise hawaïenne sur son grand corps maigre, Stanley Brinks (un des frères Herman Düne, André), n’en a pas moins le blues. Magnifiquement décharnées, ses chansons sont construites avec les moyens du bord. Faute de batterie, un battement de pied donné dans le pied de micro suffit à imprimer la rythmique. Souvent dans l’ombre, l’homme voûté au-dessus de sa guitare incarne, à lui seul, l’esprit du blues. La cigarette au bec et le chapeau mis de travers rappellent l’allure des musiciens noirs du début du XXe siècle.
Ce soir, être triste est presque un bonheur…
Marie Gallic