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There’s A Hole In Heaven Where Some Sin Slips Through: A Collection of Rare and Unreleased Covers of Townes Van Zandt

V/A – There’s A Hole In Heaven Where Some Sin Slips Through: A Collection Of Rare And Unreleased Covers Of Townes Van Zandt
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V/A - There's A Hole In Heaven Where Some Sins Slips Through: A Collection Of Rare And Unreleased Covers Of Townes Van ZandtLes Tribute albums constituent un problème insoluble : lorsqu’on aime l’artiste auquel on rend hommage, il y a deux manières d’appréhender l’hommage : soit on considère que les artistes qui effectuent l’hommage ne font qu’une copie-carbone de l’original, et certains vont alors estimer qu’il n’y a aucun intérêt. Soit il y a une volonté de re-création du morceau – ce qui constitue, à mon sens, la meilleure démarche -, de l’envisager sous un angle différent, et il se trouvera toujours des gardiens du temple pour estimer que le morceau a été défiguré. En clair, il est strictement impossible de faire l’unanimité avec un Tribute album. D’autant que l’on touche ici à un mythe : Townes Van Zandt, mort en 1997 à l’âge de 52 ans, qui apporta à la musique populaire la vision d’un folk ombrageux directement descendu des Appalaches, porté par une voix sépulcrale qui inspirera nombre d’artistes : Nick Cave, Stuart Staples, Jarvis Cocker et bien d’autres. C’est pourquoi les initiateurs de cet hommage à Townes Van Zandt ont partagé l’album en deux tendances bien distinctes. Certains titres sont en effet très proches des originaux, respectant l’esprit folk gothique de Van Zandt, jusque dans les arrangements à cordes si particuliers : la reprise de « Kathleen » par les Tindersticks, ou « Waiting Around to Die » par Paal Flaata, en sont des démonstrations exemplaires. Il s’agit, convenons-en, de la tendance principale de l’album. Pétrifiés par la force de ces classiques, nombreux sont ceux qui ont eu des difficultés à s’éloigner des interprétations originales. D’autres ont néanmoins tenté de transposer l’univers du songwriter dans des univers différents : Steve Wynn & The Miracle 3 réinterprète « Lungs » à la manière d’un croisement entre le Velvet Underground et The Brian Jonestown Massacre ; Willard Grant Conspiracy confère pour sa part à « If I Needed You » une dimension proche de Brian Eno sur « Before and After Science », très éthéré, porté par un orgue solitaire. Sans oublier les Walkabouts, seuls ou accompagnés par Gary Heffern, qui proposent des versions électriques et acides de « Snake Moutain Blues » et « Sanitarium Blues ». C’est un plaisir de voir ces chansons que je pensais immortelles et immobiles reprendre vie sous des formes parfois étonnantes. Mais plus que tout, ce tribute remplit sa mission : il donne envie de réécouter les originaux. Et, pour l’avoir fait, je peux affirmer haut et fort que l’écoute de « Our Mother The Mountain », lumières éteintes et au casque à une heure du matin, constitue une des plus fortes expériences émotionnelles qui soient. Les Appalaches, la douleur originelle, les racines de cette musique, tout est dit, tout est là. Et la perspective que cet album Tribute contribue à faire redécouvrir Townes Van Zandt constitue déjà une très belle chose en soi.

Frédéric Antona

Knife in the Water – Two Girls
Steve Wynn & The Miracle 3 – Lungs
Willard Grant Conspiracy – If I Needed You
The Tindersticks – Kathleen
Johnny Dowd – Brand New Companion
Paal Flaata – Waiting Around To Die
Michael J. Sheehy – St John The Gambler
Chris & Carla – Nothin’
Christian Kjellvander – Heavenly Houseboat Blues
Marah – You are Not Needed Now
The Walkabouts – Snake Mountain Blues
Jim White & Mike Ferrio – To Live Is To Fly
Nacho Vegas – Que Te Vaya Bien, Miss Carrusel
Jon Langford & Sally Timms – White Freightliner Blues
Ben Weaver – Highway Kind
David Munyon – Snowin’ on Raton
Gary Hefferin & The Walkabouts – Sanitarium Blues

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