RICHARD HAWLEY – Lady’s Bridge
(Mute / Virgin) [site] – acheter ce disque
Si chacune des pochettes de ses quatre premiers albums rappelait l’univers de l’hyperréalisme américain des années soixante (vue de rues éclairées au néon, moto, vitrines de boutique), Richard Hawley, pour ce nouveau disque n’a conservé que le suffixe hyper pour hypersensibillité, hyperpathie, hypermnésie, et au final hyper… bien.
"Lady’s Bridge" recèle les plus précieux ingrédients du savoir faire hawleysien, avec cette conscience presque agaçante de marcher dans les pas des plus grands crooners sans jamais les imiter. Richard Hawley, multi instrumentiste génial et généreux, a mis du temps avant de prendre son envol (de Pulp à Longpigs en passant par de nombreuses collaborations) et nous suggère désormais, sans balbutier, une balade intemporelle du côté de sa ville natale Sheffield dont il n’a jamais cessé de vanter le romantisme. Traverser à ses côtés le pont qui relie plus de cinquante ans d’histoire du rock’n’roll à la langueur d’une écriture pourtant si contemporaine, promet une plongée dans un univers feutré et intimiste. De sa voix chaude et suave, il susurre parfois jusqu’au creux de nos oreilles des douceurs dont on ne se lasse pas ("Valentine"). Richard Hawley glisse avec une facilité presque déconcertante sur la rivière du lyrisme ("Roll River Roll") sans jamais risquer la noyade. Accompagné d’arrangements subtils et délicats, il dérive de ruptures en ruptures et nous renvoie à notre propre solitude. Mais il sait convoquer les sonorités rockabilly pour réveiller nos désirs les plus profonds ("Serious"), les rythmes country ("Dark Road"), mais aussi les bases du blues ainsi que des harmonies hawaïennes. Tant de bons sentiments peuvent effrayer, mais si la finesse et l’intelligence de la composition s’associent à une voix extraordinaire, on ne peut qu’être touché par ce nouvel opus. On sera cependant surpris de constater qu’un tel songwriter n’ait pas trouvé encore son public, lui qui perçoit si justement les émotions, et qui en tire des morceaux à la beauté quasi universelle. Sur fond d’espérance, Richard Hawley s’offre à nous dans une posture alanguie, le regard perdu (en proie encore au doute, et pourtant..). Pour la première fois, il nous fait face sur cette pochette, sa guitare flavescente et ostentatoire en guise de glaive, pour une confrontation aux allures de rendez-vous galant.
Valaac
A lire également à propos de Richard Hawley :
La chronique de "Late Night Final"
La chronique de "Lowedges"
La chronique de "Cole’s Corner"
L’interview de Richard Hawley
Valentine
Roll River Roll
Serious
Tonight the Streets Are Ours
Lady Solitude
Dark Road
The Sea Calls
Lady’s Bridge
I’m Looking for Someone to Find Me
Our Darkness
The Sun Refused to Shine
Richard Hawley vient passer cinq nuits en France – POPnews
[…] le sublime ”The Ocean” et ses arrangements de cordes panoramiques.Suivait deux ans plus tard “Lady’s Bridge” – classé au Top 10 en Grande-Bretagne et porté par le single entraînant “Tonight the Streets […]