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Disques

Jeffrey Lewis – 12 Crass Songs

JEFFREY LEWIS – 12 Crass Songs
(Rough Trade / PIAS) [site] – acheter ce disque

JEFFREY LEWIS - 12 Crass Songs La dernière production de Jeffrey Lewis, qui n’est rien d’autre que douze reprises du collectif anglais Crass, se révèle être des plus intéressantes autant au niveau musical que musicologique.
Dans un joli livret, Jeffrey Lewis raconte en bande dessinée comment lui le néo-hippie est devenu un fan acharné d’un groupe punk fétiche. Pourtant punks et hippies n’ont jamais fait bon ménage : il suffit de relire "Human Punk" de John King, dans lequel le leitmotiv du narrateur demeure cette phrase culte : "Ne jamais faire confiance à un hippie".
Mais Lewis est aussi le roi de l’antifolk new-yorkais, un style qui combine le naturel, l’absence de prétention du mouvement punk avec le son du folk américain. Puis Crass était un mouvement punk anarchiste et pacifiste qui a toujours préféré la devise du "Do It Yourself" à celle du "No Future". Alors finalement qui d’autre que Jeffrey Lewis pouvait conduire une telle entreprise ?
Jeffrey a donc décidé de reprendre les slogans très radicaux du charismatique Penny Rimbaud et remplace à l’occasion l’IRA par l’Irak pour donner un peu d’actualité aux morceaux.
Mais ce projet est aussi intéressant au niveau musical. Lewis a réussi à rendre les chansons de Crass audibles. Crass a toujours été plutôt réputé pour ses textes et ses coups d’éclats que pour ses mélodies. Le New-Yorkais les reformule à sa sauce, en les reprenant sur son ton lancinant caractéristique, multipliant les arpèges, les rendant ainsi la plupart du temps sous la forme de comptines entêtantes. Les choeurs féminins parfois enfantins, parfois goguenards alimentent avec justesse le fil conducteur de cet album. Puis au fil des titres, Lewis se laisse influencer par certains arrangements de l’époque, utilisant des instruments et des sonorités qu’on ne lui connaissait pas sur ses premiers albums.
Ainsi l’Américain réussit avec brio son projet qui a l’utilité de faire découvrir ou redécouvrir l’univers de Crass, d’expliquer les influences et l’évolution musicale de Lewis, (puis allez pourquoi pas) de réconcilier les vieux punks avec leurs parents hippies.

Vincent Le Doeuff

End Result
I Ain’t Thick, It’s Just a Trick
Systematic Death
The Gasman Cometh
Banned From the Roxy
Where Next Colombus?
Do They Owe Us a Living?
Securicor
Demoncrats
Big A, Little A
Punk Is Dead
Walls (Fun in the Heaven)

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