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Interviews

Don Nino – Interview

DON NINO

Fondateur de Prohibition, NLF3 mais aussi producteur, patron de label, touche à tout et autodidacte dans l’âme, Nicolas Laureau a.ka. Don Nino jongle avec les casquettes sans se perdre en route. Pour son troisième album, il accouche d’un vieux fantasme, enregistrer des reprises de chansons pop qui ont marqué sa jeunesse. Le résultat, surprenant et personnel, frise vite l’addiction. Beau tour de force car, au cours des cinquante minutes d’écoute, ce n’est plus ni Prince, Madonna, Sonic Youth, Syd Barrett, The Cure ou Bauhaus que l’on entend mais bien Don Nino lui-même. Rencontre à la Maroquinerie à l’aube d’une tournée qui passe par l’Allemagne et le Japon.

Don Nino

Comment est né ton projet de reprises, on en parle sur POPnews depuis 2003 ?
En 2003, j’en ai parlé parce que je venais de terminer le cycle des concerts de « Real Seasons Make Reasons » qui était mon premier album. J’avais déjà fait une première version d’un album de reprises très lo-fi, très bricolée. L’origine de ce projet vient d’une remarque de mon entourage qui me disait que mon premier album était très empreint de la musique que j’écoutais enfant. Ça m’a donné envie de me pencher vraiment sur la question en me disant que finalement des morceaux comme « Imagination » ont pu avoir un impact sur ma sensibilité et, donc, ont pu provoquer des choix et des orientations. « Imagination » est peut-être un exemple provocant, ce serait plus cohérent de parler de Syd Barrett, de Leonard Cohen ou des Cure. Comme j’aime bien mener une réflexion avant d’entamer un travail, j’ai trouvé que la question des reprises était un bon sujet.

Et donc, pourquoi tout ce temps pour le faire aboutir ?
En fait, je n’étais pas satisfait de la première version de l’enregistrement. Et donc, je l’ai laissée de côté et j’ai décidé de faire un nouvel album. Après l’achèvement de « On The Bright Scale », j’ai repris un autre cycle d’enregistrement de reprises qui, lui non plus, ne m’a pas satisfait. Et puis, au bout d’un laps de temps, je me suis dit qu’il me fallait une méthode cartésienne pour avancer. Finalement, j’ai choisi des morceaux qui m’ont marqué entre l’âge de sept et dix-sept ans et j’ai même osé me pencher sur des trucs pas évidents comme Caetano Veloso, que je ne m’étais pas du tout approprié lors des mes premières tentatives.

Pourquoi ces morceaux ont-ils été retenus pour l’album plus que d’autres ?
Pour la tenue de l’album en soi, c’est-à-dire, ce qu’il raconte. D’ailleurs, c’est un travail que j’ai fait avec Dominique Petitgand. Il m’a proposé pas mal d’idées comme celle de mettre le morceau de Gainsbourg en ouverture parce qu’il exprime ce qu’est le disque, « ces petits riens qui me venaient de vous », alors que je n’avais pas du tout choisi le titre pour ça.

Quelles ont été tes exigences dans la façon d’interpréter ces morceaux ?
Je voulais rester sur un son batterie/guitare et puis finalement, j’ai un peu dérogé à la règle sur des morceaux comme « Like A Virgin » et le titre de Leonard Cohen « There is a War ». Par ailleurs, je pense que j’y suis allé avec beaucoup moins de complexes que les deux premières fois. Je me suis posé moins de questions parce que, de toute façon, en studio tu es là pour avancer et pas pour cogiter. Cela m’a permis de m’attaquer à des sommets comme « A Day in The Life » des Beatles.

Est-ce qu’on peut dire que tu as entrepris une forme de déconstruction des morceaux ?
Oui, mais l’idée était de retranscrire l’état dans lequel ces chansons ont pu me mettre à une époque de ma vie. Pour moi, « Like A Virgin », « Kiss » et « Close to Me » sont des chocs quasiment sexuels. On m’a déjà dit que mes reprises étaient assez désincarnées. Je ne suis pas d’accord. Il y a une forme de langueur que j’ai voulu exprimer.

Peux-tu nous expliquer la présence d’une composition originale au milieu du tracklisting ?
C’est une sorte d’hommage. J’avais envie d’exprimer les différentes facettes du disque au sein d’un même morceau, tout en rendant hommage à un certain nombre d’artistes qui m’ont marqué et, aussi, à mon parcours personnel depuis Prohibition. Du coup, ce morceau est en deux parties. Il démarre avec des accords brésiliens et se transforme en quelque chose de plus rock…

 

 

 

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