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Dälek – Interview



La carrière de Dälek n’est pas neuve. Cela fait bientôt 10 ans maintenant que le groupe nous envoie ses impressionnantes décharges rap. Aussi, en cette année 2007 chargée avec la sortie du remarquable « Abandoned Language » et d’une compilation de raretés, était-il grand temps de vous dévoiler enfin cette interview réalisée en mars dernier avec le MC du duo.

Apparemment, tu commences une nouvelle tournée en France avec de nombreuses dates. C’est pareil dans tous les pays d’Europe ou as-tu une relation particulière avec la France ?

Nous avons un bon public ici. On essaie donc de visiter autant de régions que possible. Pour cette fois, nous tournons en France et en Belgique, mais plus tard dans l’année nous avons prévu de faire d’autres pays comme l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la Scandinavie et le Royaume-Uni. Avant nous faisions toute l’Europe d’un coup, mais maintenant nous préférons nous concentrer sur certaines régions.

Vous avez le même accueil dans chaque pays ? L’accueil est pareil en Europe et aux Etats-Unis ? C’est quelque chose que vous pourriez évaluer ?

Je pense vraiment qu’on a plus de succès en Europe qu’aux Etats-Unis. Mais c’est assez général. Ici, les gens apprécient davantage les groupes underground qu’aux US. Ils aiment écouter de nouvelles choses. Ils cherchent de nouveaux sons. Nous avons eu la chance d’avoir beaucoup de gens à tous nos concerts, en Allemagne et en Scandinavie autant qu’en France et en Belgique.

Jusqu’à ce jour, je n’ai vu qu’un concert de Dälek, et deux choses m’ont impressionné. D’abord, j’ai été marqué par votre énergie sur scène. C’est naturel, vous vous donnez autant chaque soir ? Ce n’est pas le cas de tous les artistes.

Peu importe qui vient et qui ne vient pas. Nous donnons toujours tout ce que nous avons. Je ne dirais pas que chaque concert est aussi intense. Tout le monde a ses jours sans. Mais si des gens payent de leur propre poche pour venir te voir, tu leur dois le respect. Tu dois leur donner tout ce que tu as. Peu importe s’il y a dix personnes ou un millier. Nous essayons toujours de livrer le même concert chaque nuit.

J’ai également été impressionné par l’énergie d’Oktopus. Ce n’est pas habituel d’avoir un beatmaker qui bouge autant dans un concert de hip hop.

Oui, je suis allé à des tas de concerts hip hop et certains n’étaient vraiment pas bons. J’en ai adoré certains, et pour d’autres je me suis dit que j’aurais mieux fait de rester à la maison et d’écouter le disque. Nous essayons de faire quelque chose qui aille au-delà de l’album. Si tu as la chance de voir un groupe de près, autant que ce soit autre chose, et que cette autre chose te touche. Et puis nous adorons notre musique. Nous adorons nous produire sur scène. Cette énergie, elle vient du fait que nous jouons une musique que nous aimons vraiment.

J’ai aussi été très impressionné par le niveau sonore. J’étais sourd en quittant le concert.

Tu nous imagines (rires) ! Oui, cette musique est forte. Ça va avec le fait de la jouer live. Ca doit être écouté à fond, ça doit avoir de l’impact. Sinon, à quoi bon ? Si c’est tout calme, autant l’écouter au casque (rires) ! La musique, c’est quelque chose qui doit t’agresser.

Et j’étais très surpris au début du concert de voir tant d’habitués avec des boules dans les oreilles. Ensuite, j’ai réalisé…

Eh oui, c’est un truc qui fait du bruit !

Je devine que tu es là pour faire la promo du dernier album. Je l’ai écouté avant de venir et j’ai noté une grande évolution depuis « Absence ». Je l’ai trouvé moins oppressant, moins sombre. Tu le vois comme ça ?

C’est une affaire de perception. C’est moins bruyant que « Absence », mais je ne pense pas que ce soit moins sombre. Il y a toujours ce mur du son, c’est juste l’approche qui diffère. Nous avons utilisé une autre instrumentation, un autre son. Ça aurait été si simple de faire un « Absence Part 2 ». En tant que musicien, je ne pouvais pas vouloir ça. Je ne veux pas choisir le chemin le plus simple. Je veux me dépasser. Je veux emmener plus loin notre public et notre musique. On pense souvent que bruyant, c’est la même chose que lourd. Mais je pense au contraire que cet album est plus sombre que « Absence », tout spécialement quand il est joué live, même si ça peut paraître étrange. En tout cas je suis très satisfait de cet album.

Qu’en est-il de l’évolution des paroles ? Elles sont toujours sur les mêmes thèmes ?

Des gens me disent : « tu rappes toujours sur les mêmes sujets ». Mais qu’est-ce qui a changé dans le monde entre « Absence » et maintenant ? Tout ce dont je parle est toujours d’actualité ! Réglez les grands problèmes du monde et j’arrêterai de rapper (rires) ! Je pense cependant que celui-ci est plus personnel. « Absence » était très direct, très « dans ta face ». Celui-ci est encore direct, mais il traite d’autres problèmes. Certes, ça parle toujours de la société, des malaises sociaux, des barrières sociales. Mais ça traite aussi de pertes personnelles. J’ai voulu y faire revivre le hip hop que j’ai connu quand j’étais gosse. Il est plus dense, et il laisse plus de champ à l’interprétation. Il ressemble davantage à nos premières sorties. Chaque disque traduit notre état d’esprit du moment. A mes yeux, cela n’en fait pas un meilleur album, ça montre seulement qui nous sommes aujourd’hui. C’est le rôle de chaque album. Et j’espère que ça continuera comme ça. Le prochain disque sera sans doute très différent de celui-ci.

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