THE INNOCENCE MISSION – We Walked In Song
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A une époque, on appelait ça la face A… Sur les onze titres qui composent ce "We Walked in Song", les six premiers titres peuvent sans aucune réserve concourir au titre de classiques pop. Écrites et composées par l’évanescente Karen Peris, à la suite d’un certain nombre de drames familiaux qu’elle traversa (la perte de sa mère, puis de son père, sur une courte période), les compositions de cet album baignent dans une sorte de mélancolie magnifiquement réconfortante. Comme si, à la différence de nombre de disques dont la gestation fut difficile, les chansons n’étaient pas pour Karen une expression directe de ses sentiments les plus intimes, mais un refuge construit pour échapper à cette réalité qui vient frapper à la porte des rêves. Des lignes de guitare acoustique d’une pureté à couper le souffle ("Happy Birthday", particulièrement), mais également quelques cordes synthétiques aériennes qui renforcent le sentiment premier : on se trouve tout en haut, loin au dessus des nuages noirs qui menacent et s’amoncellent. "Into Brooklyn, Early in the Morning" est un hommage sublime au Velvet : entre "I’ll Be your Mirror" et les choeurs de "Loaded ", un tambourin, un harmonium et les larmes qui coulent. Bientôt vingt ans que The Innocence Mission sème sur son passage des galettes qui sont autant de recherches de la parfaite pop-song, mais ils ont ici trouvé un parfait équilibre entre la tristesse sous-jacente des titres et la lumière douce qui jaillit des arpèges électriques de Don Peris. Cette ligne claire qu’on retrouve dans un solo cristallin sur "Lake Shore Drive", morceau dans lequel la batterie, une fois n’est pas coutume, se fait plus présente. Toutes ces vignettes pop sont d’une telle délicatesse que les morceaux de Belle & Sebastian passeraient quasiment pour du Queens of the Stone Age à côté. Une pureté proche des compositions de Vashti Bunyan ou de Joni Mitchell, qui est une grande fan du groupe.
Sur "Song for Tom", Karen chante "You’ll never lose that light". Espérons qu’il en sera de même pour le groupe, et que la lumière qui émane de ce disque aux allures de classique continuera à se répandre sur les prochains albums. Même s’il est probable que certains des titres de l’album n’auraient pu naître dans un autre contexte psychologique, avec cette volonté quasi obsessionnelle de ne pas permettre à la mort de rentrer dans le rêve pop que Karen s’est bâti. "Frappe dans l’obscurité jusqu’à ce qu’en coule des gouttes de lumière", dit-on. Ils ont frappé fort.
Frédéric Antona
Brotherhood of Man
Happy Birthday
Love That Boy
Into Brooklyn, Early in the Morning
Lake Shore Drive
Song for Tom
Since I Still Tell you my Every Day
A Wave is Rolling
Colors of the World
Over the Moon
My Sisters Return from Ireland