QUEENS OF THE STONE AGE – Era Vulgaris
(Interscope Records / Universal) [site] – acheter ce disque
Scandale ! Avant d’écouter d’une oreille distraite et – par anticipation – un peu revêche ces dernières aventures des Reines de l’Age de Pierre, celui qui écrit ces lignes n’avait jamais entendu la moindre mesure de ce groupe, pourtant mythique en son genre. C’est un tel manque au travail de chroniqueur, que je pourrais avoir honte pour lui, tiens… Et bien tant pis, c’est donc avec une honte partiellement assumée que je vous donnerais mon point de vue de néophyte sur ce disque. Et je dois dire d’abord que cet album a été une agréable surprise, ce qui constitue certainement la raison principale pour laquelle je me retrouve aujourd’hui à en parler, moi qui pensais gentiment régler l’affaire, en me servant du disque pour caler un meuble. Précédées par leur réputation de grands vilains rockers au gros son qui fait mal aux oreilles, les Queens of the Stone Age étaient surtout pour moi une bande de brutes aux cheveux gras et chemises de bûcherons, qui avaient hébergé Mark Lanegan il y a bien longtemps de ça. Sur ce disque en tout cas, elles sont bien plus avenantes, ces icônes majestueuses du stoner, et je leur en sais gré. La pochette rose volontairement vieillie ne ment pas, derrière un son un peu crado, entretenu par quelques guitares qui crachent et une production à la va-vite, les mélodies sont parfois sucrées et souvent énergétiques. Le tube "Sick Sick Sick" a franchement de quoi remettre d’aplomb n’importe quel Serge Lama malade. Les solos de guitare propres au genre sont suffisamment discrets pour ne pas étouffer un auditeur de bonne volonté. L’esprit d’ensemble est bon enfant et somme toute bien entraînant sur la longueur. Le groupe s’offre même une parenthèse piano-bar tranquille franchement réussie avec "Make it With Chu" qui arrive au bon moment. Bref, c’est un disque de rock’n’roll simple et efficace, qui ne s’encombre pas de fioriture (notez l’indication sur la pochette, vous écoutez ce disque en mono), et qui, dans ses meilleurs moments, peut rappeler d’autres légendes rock plus indie telles que Sebadoh ("Suture Up Your Future" est proche du mimétisme), pour ne citer que celle-ci. On est donc en terrain connu tout du long et tant pis si les puristes vont s’en offusquer, les amateurs fraîchement débarqués dans le royaume Stone Age ne bouderont pas leur plaisir.
Jean-Charles Dufeu
Turnin’ on the Screw
Sick, Sick, Sick
I’m Designer
Into the Hollow
Misfit Love
Battery Acid
Make It Wit Chu
3’s & 7’s
Suture Up Your Future
River in the Road
Run, Pig, Run