JEREMY WARMSLEY – The Art of Fiction
(Ryko / Naïve) [site] – acheter ce disque
Deux avis… et donc deux chroniques sur cet album de Jeremy Warmsley qui fait débat au sein de POPnews :
A l’heure où les magazines titrent sur des groupes inspirés par les productions des décennies passées, Jeremy Warmsley sort un premier album ambitieux. Du haut de ses 24 ans, l’Anglais est de ces petits prodiges qui, non contents d’avoir sorti un disque, l’ont également écrit, produit, arrangé et mixé. Si l’on sent l’influence des artistes qu’il chérit – Björk, Radiohead ou Tom Waits parmi ceux qu’il cite le plus souvent – le musicien a su rester inventif et sa pop est surprenante par la fraîcheur qu’elle apporte mais également dans l’ambivalence du personnage ici révélée. L’album débute avec des tubes en devenir, des mélodies enthousiastes, entraînantes, presque trop abordables s’il n’y avait ajouté des détails, des détournements d’instruments, des rythmes flirtant sans complexe avec la drum’n’bass dans "The Young Man Sees the City as a Chessboard". Puis l’évidence glisse subtilement vers des titres moins accessibles, puisant dans les sources d’une pop différente, plus sombre – et non pas terne – comme un parcours en accéléré d’une carrière à la Divine Comedy, partant de mélodies joyeuses pour doucement se laisser aller à une introspection qui se voudrait fiction sans duper personne.
"The Art of Fiction" révèle la désillusion qui se produit quand une vision très poétique du monde se confronte avec la réalité. Son "I’ve been cheated somehow still i believed it was true" dans "I Knew Her Face Was a Lie" suffirait peut-être à résumer tout le paradoxe, toute la richesse de cet artiste à la carrière prometteuse.
Juliette
"The Art of Fiction" est le premier opus de ce Franco-Anglais basé à Londres. Jeremy Warmsley nous offre de la pop rock britannique faussement classique rehaussée par des petits arrangements rigolos et originaux. Quand il se tient, Jeremy dispose d’un timbre proche de celui de Dan Black, le leader de The Servant, mais quand il se lâche, sa voix le rapproche alors des affres de l’horripilant Johnny Borrell, ce qui glace le sang (heureusement cela reste assez rare). Les orchestrations rappellent aussi The Servant (première époque) en beaucoup plus intelligent.
Diversifié et relevé, "The Art of Fiction" n’ennuie pas. Passant de ballades sur lignes de piano, "I Knew That Her Face Was a Lie" à des morceaux enjoués à triple voix "5 Verses" pour se poursuivre sur des orchestrations teintées de dub, Jeremy multiplie les pistes et surprend à chaque nouveau titre. Moins bordélique, mais aussi moins génial et brillant que Bravecaptain, Jeremy n’en est pas moins un de ses plus fameux disciples. Mais contrairement à l’ex-leader des Boo, Warmsley ne paraît pas lassé de confectionner des mélodies pop acidulées, manquant toutefois un brin de souffle.
Vincent Le Doeuff
Dirty Blue Jeans
I Promise
I Knew That Her Face Was a Lie
5 Verses
Young Man Sees the City as a Chessboard
I Believe in the Way You Move
Jonathan & The Oak Tree
Modern Children
Matter of Priciple
If I Had Only
Hush