HANNE HUKKELBERG – Rykestrasse 68
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Norvégienne happée par la vie berlinoise le temps d’une résidence, Hanne Hukkelberg y a enregistré son deuxième album, assez déroutant par son mélange de genres, avec quelques amis de la scène jazz (Lars Horntveth, Peter Baden) triés sur le volet. Entre esquisses folk désossées et chœurs envapés dans l’esprit des sœurs Cassidy ("Fourteen"), espièglerie cabaret à la Feist ("Cheater’s Armoury") ou pointillisme vocal à la Stina Nordenstam, elle manifeste une grande variété d’investissements, et déploie, avec autant de finesse que de discrétion, les différentes facettes de son talent. Un morceau construit sur une ligne simple de piano ("The Pirate") prend de l’envergure à travers les nuances capricieuses de la voix qui installe un réel mystère, un autre ("The Northwind") entre dans une progression orchestrale de plus en plus étoffée (cliquetis rythmique, carillons, programmations, accordéon, cordes gonflant les voiles), en tissant un écrin sonore entre l’épique et le lyrique que ne renierait pas une Kate Bush. Bon goût, tact dans l’usage des textures, un rien de poésie, les qualités s’additionnent sans faire vaciller l’équilibre. On en vient presque à souhaiter que se déchire la toile d’araignée patiemment tissée, ou qu’affleure une fêlure, et cela arrive effectivement sur une reprise folk des Pixies, "Break My Body", où la voix s’engage frontalement, risque la rupture. Même le recyclage de Bach en coda ("Ticking Bomb") passe relativement bien. Ce n’est donc pas cette fois qu’on la prendra en défaut, tant mieux pour nous.
David Larre
Berlin
Cheater’s Armoury
The Pirate
Fourteen
The Northwind
Obelix
Break My Body
Ticking Bomb
Pynt