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Interviews

Dawn Landes – Interview


Bien sûr, les yeux noisette, les pommettes hautes et le sourire enjôleur de Dawn Landes sont autant de bonnes raisons de l’interviewer. Mais la jeune Américaine a aussi et surtout beaucoup de talent, ce qui ne gâche rien. En témoigne son deuxième album, « Fireproof« , dont la charmante pop-folk bricolée constituera un excellent antidote aux tubes de l’été.
Rendez-vous est donc pris à 13 heures devant la Maroquinerie, à Paris, par une belle journée de juin. A 13 h 15, le portable sonne : Olivier, chargé de la promo internet chez Fargo, nous (c’est-à-dire Julien, clic-clac Kodak, et Vincent, clic-clac K7) informe que Dawn et lui sont devant le Père-Lachaise (à dix minutes à pied), et qu’elle aimerait beaucoup faire l’interview à l’intérieur… Pourquoi pas ? D’autant qu’ils ont eu la bonne idée d’acheter quelques bières (des bières qui se boivent, hein, pas des bières qui s’inhument). Dawn a très envie de voir la tombe d’Edith Piaf, mais c’est à l’autre bout du cimetière ; on opte à la place pour celle de Chopin – Jim Morrison, ce serait vraiment trop cliché. L’interview se fera dans un coin à l’ombre, juste à côté.
En repartant, on parle à Dawn de la tombe de Dalida, et elle comprend Derrida – sans savoir qu’il est mort lui aussi. Au moment de se quitter, elle remarque, sans qu’on sache trop pourquoi, que nous portons tous des chaussures marron. Mais elle est la seule à porter des santiags. Cette fille est vraiment du tonnerre.

Dawn Landes

On qualifie généralement ta musique de folk urbain. Cela te convient ?
Oui, c’est une description assez juste. Comme je suis originaire du Kentucky, dans le Midwest, et que j’habite à New York, je suis un peu entre deux mondes. Je suis autant influencée par le folk ou la country que par la musique qui se fait là où je vis, et la production de mes disques reflète cela.

Quelles sont les principales différences entre tes deux albums, « Dawn’s Music » (2005) et « Fireproof » ?
« Fireproof » s’est fait très vite. Il ne nous a fallu qu’une journée pour mettre sur bande les « basic tracks », puis j’ai fait tous les overdubs la semaine suivante. Au total, la réalisation du disque a dû prendre deux semaines. Toutes les pistes de voix sont des premières prises. C’est presque un disque live, en fait. Le processus a été très rapide parce que je savais vraiment ce que je voulais. En revanche, à l’époque de « Dawn’s Music », j’étais encore en train d’apprendre les techniques de studio et ça m’a pris beaucoup plus de temps, peut-être bien six mois. D’autant que je l’ai enregistré dans plusieurs studios. Pour celui-ci, il n’y en a eu qu’un seul, installé dans une ancienne caserne de pompiers, qui a d’ailleurs donné son nom au disque.

Le fait que tu sois également ingénieur du son a-t-il une répercussion sur ta musique ?
Oui, bien sûr. Pour ce disque, après que nous avons enregistré les diverses parties, je suis retournée au studio et j’y ai pratiquement vécu pendant une semaine. J’ai donc pu essayer tout ce que je voulais. J’ai produit « Fireproof » seule, avec l’aide d’Adam Lasus, le propriétaire du studio, qui a depuis déménagé à Los Angeles. Des membres du groupe Hem jouent sur le disque, et Gary Maurer, qui est un peu mon mentor, m’a aidé à le mixer.

Et vivre à New York, cela a également une incidence sur tes disques ?
Enormément. Les premiers temps, je ne jouais même pas de musique car j’étais trop effrayée ! Il y a tant de grands musiciens, de grands artistes à New York… A Louisville aussi, mais c’est quand même différent. En fait, c’est amusant, je me suis aperçue que les personnes vers qui j’étais naturellement attirée à New York venaient pour la plupart d’ailleurs, du Kentucky, de l’Illinois, de l’Indiana… En fait, personne n’est vraiment de New York !

C’est un peu la même chose à Paris… Pour en revenir au nouvel album, ta voix me rappelle beaucoup celle de Chan Marshall, mais musicalement j’ai surtout pensé à l’album « 99,9°F » de Suzanne Vega, produit par Mitchell Froom.
C’est un grand compliment, car c’est un disque dont j’aime beaucoup le son. Tchad Blake, qui l’a mixé, est l’un de mes héros : tout ce qu’il touche sonne d’une façon incroyable. J’espère avoir l’occasion de le rencontrer un jour. Quant à Mitchell Froom, je ne le connais pas non plus personnellement, mais j’adore son travail avec Suzanne Vega ou Ron Sexsmith.

As-tu utilisé des instruments un peu inhabituels ?
Il y a deux ou trois chansons sur l’album qui reflètent mon obsession pour les orgues des années 60. J’ai beaucoup utilisé l’Optigan, le Mellotron aussi. Le sample de batterie sur « Goodnight Lover » vient d’un clavier qui s’appelle la Fun Machine. J’adore ces claviers et si je pouvais, j’en jouerais sur scène, mais ils sont tellement lourds et fragiles… Je me contente donc de lancer des samples avec mes pédales d’effets. Il doit y avoir quatre ou cinq morceaux sur le disque qui ont vraiment été bâtis sur ce genre de samples.

Le dessin qui orne la pochette est-il de toi ? Tu nous en avais envoyé quelques-uns lors d’une tournée française.
Oui, je m’en souviens (rires). Mais je ne suis pas une très bonne dessinatrice. Celui de la pochette est l’œuvre de ma meilleure amie, Danica Novgorodoff, qui est un auteur talentueux de romans graphiques. J’ai utilisé plusieurs de ses dessins pour le poster qui accompagne le disque. D’ailleurs, c’est elle qui a illustré toutes mes pochettes et j’aimerais collaborer encore plus avec elle car son travail m’inspire beaucoup. Elle est aussi du Kentucky, nous étions dans le même lycée.

Et quelle est sa signification (le dessin montre une jeune femme aux longues tresses qui tend une banane à une autruche bicéphale) ?
C’est difficile à expliquer… Le dessin est extrait d’une histoire qui parle d’une artiste de cirque. Là, il est coupé du contexte. Le dessin d’origine est reproduit au recto du poster : la fille et l’autruche sont en fait chacune dans une cage, sur un train, et tentent de communiquer.

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