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Dawn Landes – Fireproof

DAWN LANDES – Fireproof
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DAWN LANDES - FireproofOriginaire de Louisville, Kentucky (comme Slint et quelques autres groupes importants), Dawn Landes s’est installée à New York au début de la décennie. Pourtant, sur la photo de presse qui accompagne "Fireproof", son deuxième album (après "Dawn’s Music" il y a deux ans), elle porte des santiags, et dans la vraie vie aussi. C’est peut-être un détail pour vous, mais au fond ça veut dire beaucoup, et ça résume bien en tout cas la teneur du disque, qui mêle racines country-folk et sonorités plus urbaines. Dawn Landes n’est certainement pas la première à poser ainsi un pied (une botte) à la ville et l’autre à la campagne, mais elle le fait avec une finesse et une qualité d’écriture qui ne courent pas les rues – de Brooklyn ou d’ailleurs.
Les deux premiers morceaux, "Bodyguard" et "I Don’t Need No Man", aux titres curieusement antinomiques, sont à cet égard exemplaires. Le premier, en mariant une rythmique basse-batterie très dépouillée avec un banjo, réussit à être à la fois tendu et laid-back. La voix frémissante de Dawn n’est pas sans évoquer celle de Chan Marshall (Cat Power), mais la production rappelle plutôt la Suzanne Vega de l’album "99,9°F". Carambolage de percussions méconnaissables, la boucle rythmique qui ouvre le second morceau, une chanson traditionnelle, semble d’ailleurs tout droit sortie de ce disque. Sur des arpèges carillonnants, la chanteuse invente une étrange scansion, entre rap et country, s’abandonnant dans un crescendo digne d’Electrelane – en version unplugged.
A ce stade, il n’est pas inutile de préciser que Dawn Landes gagne sa vie en faisant l’ingénieur du son, et qu’elle a déjà travaillé avec des artistes comme Philip Glass, Ryan Adams ou Joseph Arthur. Pourtant, "Fireproof" n’a rien d’un album élaboré avec maniaquerie en studio : l’essentiel a été enregistré en une seule journée, l’auteur passant ensuite une semaine à peaufiner les morceaux. Mais c’est bien l’œuvre, artisanale et instinctive, d’une "ingénieuse du son", qui a compris que quelques bonnes idées (l’instrumental "Toy Piano", bête comme chou) valaient mieux qu’un budget illimité. Et que la production d’un disque devait toujours être mise au service des chansons. Ici, elles sont toutes magnifiques, que Dawn donne dans la ballade classique à la Emmylou Harris ("Tired of This Life", "Twilight", "Dig Me a Hole"…), le rock brut de décoffrage (la fin de "Picture Show") ou l’indie-pop-folk comme on la pratiquait aux Etats-Unis dans les années 90 ("Kids in a Play", repris de l’album précédent, dans la lignée des Vulgar Boatmen, Silos ou Indigo Girls). L’album s’appelle "A l’épreuve du feu", mais parions que beaucoup succomberont au feu sacré qui brûle ici.

Vincent Arquillière

Bodyguard
I Don’t Need No Man
Tired of This Life
Twilight
Private Little Hell
Picture Show
Kids in a Play
Toy Piano
Dig Me a Hole
I’m in Love with the Night
Goodnight Lover
You Alone
I Won’t Back Down (morceau caché)

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