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Disques

Laura Veirs – Saltbreakers

LAURA VEIRS – Saltbreakers
(Nonesuch / Warner) [site] – acheter ce disque

LAURA VEIRS - SaltbreakersLaura Veirs est une artiste que l’on a envie d’aimer. Parce qu’elle a une jolie voix douce et enfantine, parce qu’elle nous a déjà convertis à son univers de rêveries autour des éléments naturels, à sa poésie simple mais saturée d’émotions, à sa spontanéité qui se loge tout de suite dans le cœur de celui qui l’écoute.
Mais si ce sont là les qualités que l’on apprécie chez Veirs, on risque de ne pas trouver son compte dans "Saltbreakers". Certes, le paysage marin de la pochette fait inévitablement penser à l’illustration de "Carbon Glacier", premier album paru sur le label Nonesuch ; certes, l’imaginaire de la nature (surtout aquatique, les "Saltbreakers" étant des vagues violentes, dont on a l’impression qu’elles "fendent le sel") reste omniprésent. Aussi, selon son habitude, Veirs s’adresse indifféremment aux papillons, aux rossignols ; évoque l’importance des étoiles et les tumultes de la mer. Malgré cette continuité apparente, quelque chose dans le ton général a changé. Comme si Laura prenait un peu moins sa musique au sérieux, comme si, maintenant que ses musiciens l’ont rejointe pour former avec elle un groupe à part entière – les "Saltbreakers" – l’important n’était plus tant de se livrer que de s’amuser.
L’album a pourtant toutes les apparences d’une oeuvre travaillée. Les textes semblent avoir été mûrement réfléchis, l’inspiration littéraire – A.S. Byatt, et Melville notamment – étant revendiquée par la chanteuse. Les compositions sont variées, Veirs faisant appel à des musiciens extérieurs (Eyvind Kang pour son accompagnement au violon sur "Ocean Night Song" ; la chorale du Cedar Hill pour "To the country"). Mais rien n’y fait, l’impression générale qui ressort de l’écoute de cet album est que la musicienne y a fait preuve d’un manque de recherche musicale, d’une absence d’approfondissement de ses talents.
Les quelques innovations risquées sont, pour l’auditeur, source d’une désagréable surprise. Par exemple, cette allure rock que prend la jeune chanteuse sur un morceau tel que "Phantom Mountain", où les refrains se veulent violents, et où les guitares grincent comme si on les détruisait – autant d’artifices empruntés à un registre qui convient mal à la petite fille, plus douée pour s’émerveiller face aux étoiles que pour crier une révolte toute feinte. La voix de Karl Blau répondant à celle de la chanteuse sur la chanson titre produit le même effet de surprise désagréable. On se demande tout simplement ce qu’une telle excentricité vient faire là, et même après des écoutes répétées, l’oreille ne s’y fait pas. "Nightingale" reprend un style plus folk, rappelant "Carbon Glacier", mais avec une simplicité excessive, la douceur enfantine virant clairement à la mièvrerie.
L’album dans son ensemble laisse ainsi une impression d’inabouti, ou plutôt de bâclé : comme si l’envie de faire des chansons avait pris le dessus sur le besoin de créer. Peut-être est-ce le changement dans la façon de travailler de Laura – les musiciens contribuant désormais aux compositions ; peut-être est-ce un changement d’esprit plus général, le plaisir de faire de la musique ayant pris le pas sur le désir de transmettre et de partager. Mais toujours est-il que l’évolution, ici, ne s’apparente pas à un accomplissement. Les quelques morceaux qui attirent l’attention de l’auditeur sont ceux dont la composition s’apparente à ce que l’on avait connu avec "Carbon Glacier". On retrouve à la fin de "Wrecking", dernier titre de l’album, ce violon qui monte lentement et ne fait qu’augmenter la nostalgie poignante de l’ensemble du morceau, évoquant à sa manière l’éloignement du bateau dont le naufrage nous est conté. "Ocean Night Song" et "Black Buttefly" nous rappellent, dans la même veine, que la petite Laura n’a rien perdu de sa verve de poète, de son émerveillement et de ses mélancolies. Un talent que l’on aimerait ne pas voir disparaître.

Catherine

Pink Light
Ocean Night Song
Don’t Lose Yourself
Drink Deep
Wandering Kind
Nightingale
Saltbreakers
To the Country
Cast a Hook
Phantom Moutain
Black Butterfly
Wrecking

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