L’œil sombre et la joue mal rasée, David Bartholomé, leader de Sharko, ne semble pas très enthousiaste à l’idée de se taper une nouvelle interview dans sa longue journée de promo parisienne. Pour preuve, il ponctue ses réponses de longs silences propres à vous déstabiliser. Dommage parce que, quand vous venez de vous taper huit heures de boulot plus la traversée de Paris au pas de course, un petit sourire serait le bienvenu… Ce rayon de soleil est plus à chercher dans « Molecule« , le quatrième album du groupe belge qui fait suite au très acclamé « III« , offrant une fois de plus un rock puissant, organique, traversé de zones d’ombre et de coups d’éclat et taillé pour la scène ! Ça tombe bien, le groupe est en tournée ces jours-ci.
Ça fait dix ans que Sharko existe, quel est le CV du groupe ?
Sharko, c’est un groupe belge. Trois albums autoproduits avec les moyens du bord, avec beaucoup de bricolage. Un premier album très opaque, très éclaté. Un deuxième album plus ouvert, un troisième album encore un peu plus ouvert mais toujours bricolé. Pour le quatrième, j’en avais marre de bricoler donc j’ai fait appel à un vrai décorateur…
Comment pourrais-tu décrire ce nouveau disque ?
C’est un album plus lourd avec beaucoup plus de cohérence dans le son, me semble t-il…
Comment s’est faite la collaboration avec le producteur Dimitri Tokovoï ?
Il avait fait un projet qui s’appelait Trash Palace. On l’a rencontré à cette époque-là mais rien ne s’est concrétisé. Après on a appris qu’il avait produit le Placebo, qui fonctionnait très bien. On s’est dit que ce serait une cool idée qu’il vienne et en même temps, on était persuadé qu’il allait nous dire non. Pourtant, il y avait un challenge intéressant à le faire travailler avec nous. Je lui ai envoyé cinq démos. Il m’a appelé pour me demander si on était libres au mois de juillet et si on était souples.
Souples ?
Malléables, prêts à tout. Donc je lui ai dit qu’on n’allait pas le faire venir de Londres pour rien !
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce quatrième album ?
(Long silence embarrassant). Comme Teuk disait, on n’a pas tout donné. On a encore des sensations à transmettre. J’ai toujours pensé qu’il fallait cinq albums avant de commencer à se répéter.
Est-ce que tu as le sentiment d’avoir davantage exploré que par le passé ?
Non, sur le premier album j’avais le sentiment d’avoir essayé plein de trucs : de la musique de film, de la musique folk dépouillée, du trans hip hop… Sur le troisième, j’avais essayé un truc rap aussi…