NOUVELLE VAGUE – LateNightTales
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LateNightTales est une collection déclinant les goûts intimes et les préférences coupables d’artistes aussi reconnus que les Flaming Lips, Air ou Belle & Sebastian. Que Marc Collin et Olivier Libaux aient été conviés à offrir leur propre florilège indique clairement que la popularité de Nouvelle Vague, fondée sur le détournement bossa ou caribéen de morceaux de la période post-punk, a dépassé les frontières dans une mesure peu prévisible. Sans être franchement convaincu par leurs deux premiers disques (Nouvelle Vague et Bande à part), on peut reconnaître au duo un goût assez sûr, que ce soit dans la sélection des morceaux ou leur habillage sonore. Là, il faut bien l’avouer, le résultat déjoue tous les pronostics mais il faut dépasser la mise en garde ironique du dos de la couverture pour s’en convaincre : musique d’atmosphère pour ascenseurs et pour ascension ("Mood Music of elevators and elevation" est-il écrit), le credo esthétique est résumé d’une manière correspondant finalement assez mal à la description de son contenu. Car de facilité lounge, il est ici peu question (sauf à considérer Os Mutantes ou Cibelle, ici passablement fades). C’est plutôt la délicatesse des rythmes (The Special Aka) ou encore la soie des timbres (Shirley Horn au plus sobre, David Sylvian ou Peggy Lee) qui touchent, et l’on sait gré aux deux compères de ne pas avoir sorti les crooners surexposés habituels (Charlie Rich et Glen Campbell font parfaitement l’affaire). La cover de Nouvelle Vague est même assez agréable, dites, un "Come On Eileen" tout alangui servi par une voix légèrement râpeuse. Un quasi sans-faute pour cet éventail éclectique qui célèbre les eighties aériennes (les Pale Fountains, dans un "Unless" charmant mais douloureusement sous-produit, David Sylvian, Isabelle Antenna, This Mortal Coil) ou la soul-jazz grande classe (on notera aussi la présence d’Anja Garbarek ou Julie London), mais qui, fait plus étonnant, se risque avec bonheur dans des écarts un peu plus dark ou expérimentaux (Tones on Tail, Phoebe Kildeer, Avril, Gavin Bryars). Beaucoup d’élévation donc, dans un crescendo le plus souvent vaporeux, occasionnellement tendu, et une belle manière de renvoyer l’ascenseur.
David Larre
The Special Aka – Girlfriend
Nouvelle Vague – Come On Eileen (Exclusive Cover Version)
Os Mutantes – Baby
Pale Fountains – Unless
Charlie Rich – San Francisco is A Lonely Town
Tones on Tail – Movement of Fear
Phoebe Kildeer – Chaos
Avril Urban – Serenade
Gavin Bryars – The Vespertine Park
David Sylvian – A Fire in the Forest
Art Bears – Freedom
Peggy Lee / Sly Oliver & His Orchestra – You’re My Thrill
Glen Campbell – By the Time I Get to Phoenix
Isabelle Antenna – Le Poisson des mers du Sud
Anja Garbarek -The Last Trick
Les Pétroleuses – Nicole
Cibelle – Phoenix
This Mortal Coil – You And Your Sister
Julie London – Lonely Girl
David Shrigley – What I Ate