MY BRIGHTEST DIAMOND
C’était le 13 juin, et tous les bars étaient pleins, du côté de St Michel, match de coupe du Monde oblige. Pendant que la France et la Suisse se livraient un match poussif, on s’était assis dans l’herbe avec Shara Worden, et on avait discuté. My Brightest Diamond est cette semaine en mini-tournée en France, et, la défaite de la France en finale enfin digérée, il était plus que temps de ressortir cet entretien. En plus, « Tear it Down », un album de remixes par Alias ou Murcof des morceaux de « Bring Me the Workhorse » vient de sortir.
Ton album est prêt depuis longtemps, non ?
Oui, mais on a dû attendre pour le mixer que l’ingénieur du son ait fini de mixer l’album des Red Hot Chilli Peppers… Mon album avait une priorité un peu plus basse pour lui (rires). Cela dit, on n’a mis que deux jours à le mixer.
Les chansons sur cet album sont plutôt anciennes ?
Oui… Les chansons les plus récentes datent d’octobre 2005. Je suis déjà impatiente de passer à autre chose, mais je sais que j’ai beaucoup à apprendre à jouer ma musique devant un public, d’autant plus que j’ai écrit la plupart de ces chansons toute seule dans ma chambre. Il y a plein de choses que j’ai envie d’expérimenter sur scène, j’ai besoin de prendre la mesure de la scène, c’est quelque chose qui est pour moi indissociable émotionellement de la pratique de la musique. J’écris les chansons seules, mais ensuite les arrangements viennent pendant les répétitions, en groupe, et les morceaux évoluent comme ça. Le quatuor à cordes qui joue sur le disque est le même que celui qui est sur scène avec moi ; en revanche les musiciens qui composent ma section rythmique habitent à Los Angeles.
En 2005, tu as fait quelques concerts classiques : qu’est-ce que tu cherches en mélangeant ta musique à celle de Purcell ou Debussy ?
J’ai donné un récital en février. C’est une sorte d’investigation. Je voulais briser la barrière qu’il y a entre la perception qu’on a de l’écriture classique et celle qu’on a de l’écriture de chansons. J’ai choisi des pièces qui avaient en commun de traiter de l’évolution d’une relation amoureuse, comme les partitions de Debussy et Purcell. Elles commencent par la joie des débuts, puis s’installe une sorte de tension, enfin c’est le drame – Dido, par exemple, choisit la mort. Je voulais m’attaquer à cela, le mettre en parallèle avec ma propre expérience de la perte.
Quel accueil a reçu ce récital ?
Ça a probablement été celui de mes concerts qui a reçu le plus de public ! Il n’y a pas eu de presse autour de cela, je ne l’ai fait qu’une fois. On voulait donner plus de représentations, mais finalement, ça ne s’est pas fait. Le prochain album de My Brightest Diamond aura un côté plus « pop de chambre », avec de la harpe, de la clarinette, des percussions, un quatuor à cordes… Il se peut que j’y injecte des idées tirées de ce récital.
Tu es impliquée dans pas mal de projets très différents. Comment passes-tu d’une activité à une autre ?
Je les isole dans le temps. La semaine dernière par exemple, j’ai enregistré quatre duos avec des mezzo. Je n’ai pas écouté de pop music, je n’en ai pas fait non plus. Je dois concentrer mon énergie de cette façon. Le fait d’avoir un nom de groupe derrière lequel me réfugier pour faire de la pop m’aide aussi à bien séparer les genres. John Zorn est mon modèle pour cet aspect-là des choses : il a su exploiter des idées très différentes, sous des noms à chaque fois différents et je me retrouve totalement dans ce mode de fonctionnement.