Loading...
Disques

L’Ocelle Mare – s/t

L’OCELLE MARE
(Ruminance / PIAS) – acheter ce disque

L'OCELLE MARE - S/tEchappé de Cheval de Frise, duo barjo et génial, Thomas Bonvalet, le guitariste, sort son premier album solo, sans titre, ni noms de morceaux, très court (24 minutes), mais intense. Travailleur insatiable d’un instrument auquel il semble voué corps et âme, Bonvalet est une sorte d’anti-Alexandre Lagoya : d’une pratique virtuose il extrait les possibilités les plus inattendues, qui échappent franchement aux classifications, fuyant les effets de manches comme les styles avec une assiduité remarquable. Certain supermarché culturel serait d’ailleurs bien en peine de lui trouver un rayon.
De sa guitare sèche (accessoirement d’un banjo) donc, L’Ocelle Mare fait un orchestre miniature d’où jaillissent le son des cordes, mais aussi celui, percussif, de ses mains sur le bois, ou de son propre souffle au détour d’une envolée, dans une constante sensualité débridée, hors normes, parfois violente, parfois apaisée, selon l’humeur de ses arpèges secs et l’évolution de ses tempos mouvants. D’où un album évidemment pas très accessible aux premières écoutes : la texture rêche du contact avec la guitare, et la spontanéité apparente des mouvements musicaux, peuvent parfois noyer cette sensualité dans une déconstruction mélodique que seule une écoute minutieuse peut nuancer. Fort heureusement, la production, proche des instruments, rend assez leur matérialité, et la délicatesse de l’interprétation.
A cet égard, recommandons ici de voir, autant que d’entendre, L’Ocelle Mare en concert – entièrement absorbé, ne sortant la tête de l’eau que pour saluer timidement le public, ou pour finalement laisser la place à son compère Le Ton Mité, délirant poète hurluberlu qui mérite au moins quelques mots dans ces colonnes. Pour avoir vu jouer Thomas Bonvalet dans une ancienne chapelle lilloise – un grand moment de guitare qui en fit taire plus d’un, qui en émut beaucoup, et qui, accessoirement, redonna quelques lettres de noblesse à un instrument souvent banalisé – je conseille chaudement ses prestations scéniques qui rendent compte à merveille de sa vivacité artistique.

David Dufeu

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *