CLAP YOUR HANDS SAY YEAH – Some Loud Thunder
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Il était attendu, celui-ci, c’est peu de le dire. L’arrivée du premier album dans les bacs a créé une onde de choc, porté par un lobbying important des blogs, et relayé ensuite par la presse spécialisée. Le succès impressionnant du disque (300 000 exemplaires vendus, en sachant que le groupe n’est toujours pas signé aux Etats-Unis !) a porté aux nues les CYHSY, d’aucuns voyant en eux les nouveaux sauveurs du rock, concept qui dessert malheureusement davantage qu’il n’aide les groupes ainsi portés au pinacle.
Nous arrivons donc au cap du "toujours difficile deuxième album". Verdict. C’est bon. C’est même particulièrement puissant. L’album démarre avec un hit potentiel, "Some Loud Thunder", et son tambourin qui résonne comme rarement sur le refrain. Les compositions de l’album prennent une dimension parfois décalée et étrange (tel ce "Love Song n°7" au piano entêtant, qui se termine en fanfare dissonante), aidée en cela par le chant d’Alec Ounsworth, qui évoque un Thom Yorke des plus torturés.
Si les compositions restent assez similaires à celles du premier album d’un point de vue stylistique, elles sont cette fois-ci littéralement transcendées par la production de l’orfèvre sonore Dave Fridmann. Mais le plus important, au-delà de cette magnifique production, pleine d’échos et de réverbération, de tambourins et d’orgues, ce sont encore et toujours les morceaux eux-mêmes qui sidèrent le plus. "Goodbye to Mother and the Cove", et sa lente progression vers une apothéose sonore, qui s’achève en boléro ; "Emily Jean Stock" et sa mélodie très sixties ; "Arm and Hammer", un chant saturé et une ligne de guitare digne des albums solo de Syd Barrett.
Le groupe nous réserve une pépite pop en toute fin d’album, "Five Easy Pieces", une lente ballade de plus de six minutes, sur laquelle la voix d’Alec Ounsworth se perd dans le lointain, tandis que la mélodie se déroule majestueusement, avec un piano et une guitare magnifiquement lyriques, et un tambourin encore une fois noyé dans l’écho.
Au-delà de la confirmation du pouvoir de Clap Your Hands Say Yeah en tant que créateurs d’un univers original (une pop lyrique, empreinte de malaise et d’obsessions sixties), ce deuxième album, par sa production intouchable, permet à la musique du groupe de prendre toute sa dimension. A quand une production signée Scott Walker ?
Frédéric Antona
Some Loud Thunder
Emily Jean Stock
Mama, Won’t You Keep Them Castles in the Air and Burning?
Love Song N°7
Satan Said Dance
Upon Encountering the Crippled Elephant
Goodbye to Mother and the Cove
Arms and Hammer
Yankee Go Home
Underwater (You and Me)
Five Easy Pieces