BOUGALOO – Synonym
(Jakarta Records / Project Mooncircle) [site] – acheter ce disque
Bougaloo, c’est l’un des noms méconnus mis en valeur cette année sur la compilation "Calderas Del Mind", initiative commune des Floridiens de Botanica Del Jibaro et des Allemands du Mooncircle Project. Le titre proposé s’intitulait "Voyeur" et c’était le seul où l’on pouvait entendre quelques raps dans la langue de Goethe. Le morceau était notable et engageant avec son gimmick de piano et son violoncelle. Mais il représentait bien mal l’album dont il était issu. Car celui-ci, le troisième sorti à ce jour par ce membre du groupe Bettie’s Blues, contient infiniment mieux. Car ce disque, produit par Gordon, le beatmaker habituel de Bougaloo, mais aussi par Speck (Cyne), Mr. Cooper (Mummy’s Fortuna Theatre Company) et Einz, est l’une des meilleures choses venues ces derniers à temps d’Allemagne, pays pourtant loin d’être négligeable musicalement parlant.
"Synonym", à quelque instrumental halluciné près ("Days of Agony"), c’est du hip hop, du rap normal : une boucle, un beat et un type qui s’exprime par-dessus. Mais avec ce goût de la variation, du crescendo, du détail qui tue, avec ce sens musical qui fait toute la différence et que Bougaloo déclare avoir particulièrement travaillé. Dès son "Prolog" et ce rap calme qui vient exploser dans un bref élan de cordes, il est clair que notre Allemand n’est pas le premier rappeur venu. L’impression est confirmée tout au long du disque par un nombre appréciable de temps forts, comme "We Are", sa guitare et le joli chant de Maria de Bettie’s Blues, comme le violon et les chœurs étranges de "Felder der Wachsamen", et surtout comme le somptueux "Oasis" renforcé par le grain de voix très Tom Waits de Frame, issu lui aussi du groupe habituel de Bougaloo.
Pour rester nuancé sur ce disque, pour être juste, il faut tout de même noter quelques baisses de régime ici et là ("Hertztod"), des titres méditatifs superflus ("Steinerne Seele"), des cordes qui jouent un peu trop avec les effets ("Jedis"), une fin un peu mollassonne et bien sûr, pour la plupart d’entre nous, la barrière de la langue. Mais cela pèse bien peu. Avec "Synonym", vous vous surprendrez à aimer un disque de rap en allemand davantage que pour le seul côté exotique.
Sylvain Bertot
Prolog
Jedis
We Are
Days of Agony
Herztod
Schatten und Licht
Voyeur
Oasis
Felder der Wachsamen
Steinerne Seele
Mondkreis
Shakuru
Walkman Rotation
Spuren auf Deinem