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The Isles – Interview


Avec « Perfumed Lands », les New-Yorkais de The Isles n’ont sans doute pas sorti l’album de l’année, mais ils s’imposent d’emblée comme l’un des groupes à suivre dans le futur. En dix morceaux à la fois soignés et fougueux, ces garçons réfléchis et déterminés font fructifier l’héritage des Smiths et de la new wave anglaise sans pour autant se contenter d’un simple décalque. N’ayant pas réussi à les intercepter lors de leur mini-tournée française à l’automne, nous leur avons envoyé quelques questions par mail. Questions auxquelles le guitariste et bassiste Benjamin Haberland a répondu rapidement, et avec les mêmes qualités qu’on trouve dans leur musique : concision, finesse et sens de la formule.

Peux-tu présenter brièvement le groupe ?
The Isles, c’est Andrew Geller au chant et à la guitare, moi-même à la guitare-basse et tous les autres instruments qui traînent, ainsi qu’aux chœurs, Tim McCoy à la batterie et aux douces harmonies sucrées. Ça, c’est la base, celle d’un groupe de rock classique, à laquelle nous rajoutons deux musiciens pour la scène.

Quels artistes ou quels disques vous ont poussé à faire de la musique et à former un groupe ?
Dans notre adolescence, je dirais les Kinks, les Beatles, les Zombies – des groupes de la British Invasion que nos parents écoutaient à la maison. Bien sûr, ayant grandi dans les années 90, nous avons aussi ingéré de fortes doses de punk, de rock indie, etc. Après, des musiques de toutes sortes nous entrent dans le cerveau et influencent inconsciemment la façon dont nous composons et jouons de la musique – surtout pour quelqu’un comme moi, qui peut écouter aussi bien Metallica que les Scissor Sisters ! Par exemple, apprendre à jouer du heavy metal fait de toi un guitariste plus précis et tranchant, même si ce n’est pas le genre de musique que tu vas faire par la suite.

Il y a quelque chose de très anglais dans votre son, qui renvoie aux années 80, époque à laquelle on pouvait entendre de la new wave anglaise (New Order, The Smiths, Echo and The Bunnymen, Psychedelic Furs…) sur les college radios américaines ou les BO des films de John Hughes. Mais je suppose que vous étiez vraiment très jeunes à l’époque…
Je ne suis pas si jeune que ça… Et en tout cas assez vieux pour saisir ces références ! Je pense qu’il y a effectivement chez nous une volonté d’écrire des hymnes pop dans la lignée de ce qu’on pouvait entendre dans les films de John Hughes, ou simplement à la radio dans les années 80. Nous aimons les couches sonores qui s’empilent, les mélodies, les guitares tourbillonnantes et les arrangements recherchés – mais tout cela, à l’intérieur d’une chanson pop accrocheuse. C’est vraiment important que nous nous adressions à un grand nombre de personnes et que nous restions accessibles. Je me souviens avoir dit un jour que je voulais que le groupe soit plus proche de Tears For Fears que de Sonic Youth. Pour moi, chaque fois que j’entends « Head over Heels » (morceau de TFF qui figurait sur l’album « Songs from the Big Chair », énorme succès mondial en 1985, ndlr) à la radio, je me dis « Super ! J’adore cette chanson », même si c’est de la pop pour radios mainstream – quand c’est fait avec élégance, c’est intemporel. Je souhaite que notre musique dure, qu’elle nous survive. Je pense que c’est le même genre subtil de narcissisme qui fait que les gens veulent avoir des enfants !

Votre album semble un peu sous-produit, même s’il a un beau son. Etait-ce un enregistrement à petit budget ? Est-ce aussi la raison de sa relative brièveté ? Ou peut-être ne vouliez-vous y mettre que vos meilleures chansons ?
Oui, la durée de l’album résulte d’un choix : nous voulions écrémer et ne garder que les chansons les plus essentielles écrites durant les deux premières années du groupe. Nous aurions pu faire plus long, mais nous pensions que cette concision changerait agréablement, quand tant de disques indés se veulent « épiques » aujourd’hui. Nous l’avons enregistré dans le sous-sol de notre maison, sans aucun apport extérieur de quelque sorte que ce soit. Notre budget ne dépassait pas quelques milliers de dollars, et vu que nous ne nous étions jamais lancés dans un projet de cette ampleur, et que notre équipement était limité, nous nous attendions à ce que le résultat soit, peut-être pas brut, mais en tout cas sous-produit, en effet. En outre, comme l’album a été masterisé à un volume plus bas que la plupart des productions actuelles, il a tendance à se rapprocher des disques de pop à guitares britanniques des années 80, avec quelque chose d’assez aéré.

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