DUDLEY PERKINS – Expressions (2012 A.U.)
(Stones Throw / PIAS) – acheter ce disque
Dudley Perkins, c’est Declaime, ce proche des Alkaholiks et de Lootpack, auteur il y a quelques années d’un "Andsoitisaid" sympathique mais sans plus. Depuis deux albums, le bonhomme a raccroché son costume de MC pour mener sous son vrai nom une carrière de chanteur funk. Cependant, la différence entre ce registre et l’ancien n’est pas bien grande. Avant, Perkins faisait du rap massivement infusé de funk. Aujourd’hui, il chante, mais le hip hop n’est jamais loin. Quant au producteur de ce nouvel album, c’est encore ce bon vieux Madlib. Aucune surprise, donc, si le résultat est le même qu’avant. Comme ses prédécesseurs, cet "Expressions" se révèle assez agréable, mais il n’est jamais renversant.
D’abord, il y a toute cette panoplie funk d’époque et ressortie telle quelle du placard : côté paroles, c’est chansons d’amour douces, odes au Tout-Puissant, invitations à taper des mains et autres refrains simplissimes ; côté musique, c’est cuivres à tous les étages, guitare groovy, chœurs chatoyants, instrus évanescentes et synthés, dont un puisé chez Kraftwerk, pour la petite histoire ("The Last Stand"). Il n’y qu’à écouter le titre d’ouverture pour se faire une idée. "Funky Dudley" est censé être le hit de cet album, mais il est plus irritant qu’autre chose, il n’est qu’un immense cliché funk. Et la présence de Madlib n’arrange rien. Comme souvent, ses sons laid-back et ce rythme lent que certains prennent pour du génie se révèlent n’être qu’une formule atrocement creuse.
En fait, ce qui sauve l’album, c’est sa durée, assez courte pour ne pas se lasser. C’est aussi le numéro de Dudley Perkins, ses paroles aux airs d’improvisation, ce ton naïf qui ressemble à une subtile autodérision, plus légère que ne le suggère le visage d’homme noir sévère et concerné que le chanteur affiche sur la pochette. Et puis il y a au moins trois titres qui se distinguent. D’abord, "Me" et ses chœurs langoureux ; juste après l’excellent piano de "Testin’ Me" ; sans oublier le mélancolique morceau caché en fin d’album, mélange très subtil de piano, de guitare, de synthé et de la voix de Perkins. Trois titres pour montrer que "Expressions" n’est peut-être pas fait exclusivement de cet adult rap rasoir pour des fans de hip hop vieillissants et avides de respectabilité.
Sylvain Bertot
Funky Dudley
Me Écouter
Testin’ Me
Get on Up
Come Here My Dear
That’s the Way It’s Gonna Be
Domestic Interlude
Separate Ways
Dollar Bill
Inside
Last Stand
Coming Home
Dear God