STARLESS & BIBLE BLACK – Starless & Bible Black
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Après les décharges d’électricité, voici le retour à la simplicité acoustique. Mais le sobre n’est pas forcément sage. Starless & Bible Black en est la preuve. Le groupe publie en cette fin d’année un album se situant dans la droite lignée des ambiances de Sixteen Horsepower, Led Zeppelin (lorsque Jimmy page et ses acolytes avaient opéré un retour aux sources folk), voire des maîtres Nick Drake ou Bert Jansch. Avec un nom de groupe emprunté à la discographie de King Crimson, je m’attendais à une démonstration de rock progressif : il n’en est rien. S & BB signe onze morceaux (dont deux titres chantés en français) aux couleurs pastorales (à l’image de la pochette de l’album, représentant une guitare acoustique aux 12 cordes manipulées par des oiseaux, le tout dans une coloration boisée). Je n’ai pu m’empêcher de penser, pour la démarche et la voix féminine, à Fairport Convention. Ainsi, le titre "B.B.", par son introduction déconstruite et ses dissonances, semble sorti d’ "Unhalfbricking", deuxième album du groupe. Les cuivres et le vibraphone surviennent sur la fin du morceau, de manière très opportune, tandis qu’une nappe d’orgue saturé résonne de manière obsédante.
Il se dégage de la musique de Starless & Bible Black une grande richesse mélodique et harmonique, due à une importante diversité d’instrumentations. Ainsi, l’harmonium sur "Untitled Cantiga", les mandolines sur "The Bitter Cup"… L’étrangeté de la musique créée par S & BB la différencie fondamentalement de ses influences parfois pesantes. Cette originalité tient notamment à la place occupée par Raz Ullah, sorcier sonore qui, dans ce climat de quiétude acoustique, vient semer le trouble par une série d’effets sonores allant de doux échos marins à des distorsions inquiétantes. Sa participation est d’autant plus légitime qu’elle n’est pas excessive : au plus ressent-on, à la première écoute, un léger malaise. Ce n’est que par la suite que le travail de trituration du son apparaît de plus en plus évident et indissociable de l’ensemble du groupe.
"016-013" est, quant à lui, un titre incroyable : Imaginez un morceau de Phil Spector joué en acoustique, réduit à l’essentiel, sans arrangements de cordes… Vous obtenez une merveilleuse chanson pop, dans un esprit très proche des chansons folk-rock des seventies.
"The Birley Tree", avec sa partie de guitare tournant en boucle et son refrain à la hargne retenue, ou encore "Hermione" et sa rythmique piano/batterie/guitare quasiment velvetienne, sont autant d’indices sur des influences du groupe et de leur volonté de ne pas se limiter à une musique acoustique propre et sans bavures. Et toujours ces distorsions sonores qui traversent la tranquillité des plages acoustiques, les pervertissent, en rendant l’attrait encore plus fort. La folie sous une apparente normalité.
Frédéric Antona
Everyday and Everynight
Time is for Leaving
Sirène
Tredog
The Birley Tree
Hermione
B.B.
Allsight
Untitled Cantiga
The Bitter Cup
016-013