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Mogwai – Zidane, a 21st Century Portrait

MOGWAI – Zidane, a 21st Century Portrait
(Rock Action / PIAS) [site] – acheter ce disque

MOGWAI - ZidaneZidane. Au-delà de l’impact médiatique que le joueur de foot peut véhiculer, l’aura qui entoure ce nom est d’une force qui dépasse de loin la notoriété du commun des people. Le sous-titre est d’ailleurs sans doute de trop, tant le film de Douglas Gordon et Philippe Parreno tend à conceptualiser l’idée, la notion, de Zidane, en 90 minutes. Qu’est-ce que Zidane, qu’est-ce que du Zidane ? Attention, il n’est pas question ici de technique, de tactique, de coulisses, de vie privée, liées à un être humain pratiquant l’art du ballon rond avec talent, nommé Zinedine Zidane. Les deux artistes ont voulu capturer l’essence de Zidane à travers quelques faisceaux convergents : ceux de 17 caméras braquées sur le joueur de football, plus un nom, plus la familiarité de chacun avec ce visage et ce style, plus le hasard d’une rencontre quelconque. Belle idée, que venait conforter la rencontre de deux mondes opposés : celui de l’art contemporain, et celui des footeux.
Dans cette optique, le choix de Mogwai pour la bande-son est plutôt judicieux : les Glaswégiens sont d’intarissables commentateurs des équipes écossaises (notamment en interview) tout en étant considérés comme les pionniers du post-rock. Qui plus est, ils ne chantent (presque) jamais – le film se passe de mots puisqu’un seul définit et complète le projet. En tout cas, un mélange idéal entre classe populaire et (grande) classe artistique. Depuis leur décision de s’affranchir un tant soit peu de leur recette dite des "montagnes russes" (on part doucement, puis grosse montée en puissance, très efficace en concert), Mogwai joue bien mais paisible, comme sur le dernier "Mr Beast", où la fureur restait exceptionnelle. Et finalement cette continuité, que l’on retrouve sur ce portrait, sied au concept, qui s’apparente à une longue rêverie sans fil narratif. On retrouve l’ampleur du son de Mogwai, qui mêle à merveille les guitares claires et la batterie précise et sèche : la sensation d’espace sonore compense joliment, en première mi-temps surtout, l’étouffement des gros plans de caméras.
A cet égard, c’est juste un album de Mogwai de plus, comme semble le confirmer la liste des titres : à part "Half Time" on aura du mal à trouver autre chose que de vagues allusions footballistiques, et l’on ne sait plus bien, après la demie-heure de jeu, si c’est la musique qui colle à l’ovni filmique, ou si c’est elle qui crée l’ambiance onirique. En poussant un peu, on pourrait remercier Zinedine d’avoir assuré le visuel du dernier clip de Mogwai. Toujours est-il qu’on se laisse happer par ces masses sonores tantôt aériennes, tantôt telluriques, faussement monotones – qui autorisent aussi bien l’écoute distraite que l’attente du prochain mouvement. Et ce, jusqu’à l’avalanche bruitiste de "Black Spider 2", trente minutes (dont trois de silence) et un final comme au bon vieux temps, apocalyptique, jusqu’au carton rouge (mais alors, l’araignée noire…? mais c’est bien sûr !)
Bref, un album qui colle au projet artistique auquel il était destiné, à un point près : la nouveauté. Autant le film, ambitieux, proposait un regard neuf sur un objet pourtant déjà surmédiatisé, autant Mogwai, tout en restant efficace et fidèle à ses obsessions sonores, ne mouille pas tout à fait le maillot, et gratifie l’auditeur non-supporter d’un album honorable mais sans réelle surprise.

David Dufeu

Black Spider
Terrific Speech 2
Wake Up and Go Berserk
Terrific Speech 1
7:25
Half Time
I Do Have Weapons
Time and a Half
It Would Have Happened Anyway
Black Spider 2

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