HERMAN DÜNE – Giant
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Il aura fallu attendre la consécration avec ce septième album lumineux et maîtrisé de bout en bout pour que le clan Herman Düne se scinde en deux. D’un côté, David et Neman assurant la promo de ce bien nommé "Giant" avec un bonheur évident, de l’autre André, plus sombre, préférant les chemins escarpés d’une écriture personnelle avec "Täglich Brot New York-Berlin" qui sort en même temps. C’est avec cette impression de fête en demi-teinte qu’il faut accueillir la nouvelle production des frangins folk apatrides. Dix ans que leur songwriting talentueux (et intensif) nous accompagne, dix ans que leur complicité donne ce style unique à la fois dépouillé, mélodieux et poétique, dix ans que leur persévérance souvent fauchée fait des émules de Paris à New-York en passant par Londres et Berlin au gré des rencontres artistiques, des tournées sans fin qui les font jouer indifféremment des scènes alternatives à la BBC. Dix ans, sept albums officiels et une flopée de projets annexes pour laisser mûrir une écriture qui s’épanouit aujourd’hui dans une production enfin digne de ce nom. Car pour ce disque, les frangins ont pris leur temps et ont su tirer parti des moyens mis à leur disposition : section de cuivres en provenance de Brooklyn, groupe vocal féminin aux chœurs (les Woo-Woos), rythmique enrichie des percussions du Docteur Lori Schönberg (Berg sans Nipple) pour une ouverture de leur répertoire à 180°. En allant enregistrer au Pays de Galles, les Herman Düne ont réussi à mettre du soleil dans leurs refrains aguicheurs sans perdre leur âme. Leur folk rock indie gagne en épaisseur et ne souffre plus la comparaison avec les ombres pesantes de Will Oldham et de l’antifolk new-yorkais comme par le passé. La mue opérée depuis "Not on Top", leur précédent album, porte ses fruits et les frangins osent aborder des territoires inédits (le jazz de la Nouvelle-Orléans, les rythmes chaloupés des Caraïbes, les réminiscences africaines) avec toujours une étonnante fraîcheur. Ici, le sax d’André fait des étincelles, les guitares calypso charrient les effluves du grand large tandis que les encouragements des uns et des autres disent la jubilation d’une jam-session.
Entièrement enregistré live, en stéréo et en analogique par Richard Formby (Spacemen 3, Jazz Butcher), ce disque possède ce son chaud caractéristique des productions cuivrées de la maison Studio One. Artisan habile aujourd’hui arrivé, le groupe de freak brothers le plus hype du moment s’offre une fête magistrale, un inventaire de tout ce qui les a nourris musicalement depuis tant d’années. Impossible de choisir parmi ces chansons limpides qui semblent sortir d’une corne d’abondance sans risquer de commettre une injustice. Pourtant s’il ne devait rester qu’un titre, ce serait "Giant" dont la mélancolie pudique signe peut-être de façon magistrale la sortie discrète d’André et l’envol justifié du reste de la bande vers les sommets actuels.
Luc
I Wish That I could See You Soon
Nickel Chrome
1-2-3-Apple-Tree
Bristol
Pure Hearts
No Master
Take Him Back to New York City
Baby Bigger
This Summer
Your Game / My Game
By the Light of the Moon
When the Water Gets Cold & Freezes on the Lake
Giant
I’d Rather Walk the Run
Glory of Gold
Mrs Bigger