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An Pierlé – Interview

Pour interviewer An Pierlé, c’est pas compliqué, il suffit de lui téléphoner en Belgique, qu’elle finisse son sandwich (thon mayonnaise), et qu’elle trouve une place au calme (dans sa voiture) pour pouvoir entendre les questions malgré le bruit de la rue. Elle s’installe, elle mâche, elle rigole, on commence.

Avant de commencer, je souhaitais te féliciter pour le tout nouveau disque d’or. Ça fait quel effet d’être disque d’or ?
Quel effet ça fait ? C’est chouette ! Ça veut dire que les gens aiment bien ce qu’on fait. On est content, c’est une reconnaissance. Ça veut aussi dire qu’on fait encore plus de promo, que les gens te prennent au sérieux et que tout devient plus réel.

Il y a donc 25 000 personnes en Belgique qui ont ton disque.
28 000.

Pardon, 28 000, et ces 28 000 personnes, ce sont 28 000 nouveaux amis ?
Ben en fait, c’est plutôt en concert que tu te fais de nouveaux amis. Ton public, ce sont tes copains d’un soir.

Et tous ces gens qui rentrent dans ton intimité comme ça chez eux en écoutant le disque ?
C’est assez drôle, parce qu’en fait, ils ont leur vue sur toi et ton univers. C’est leur intimité qu’ils reflètent sur la musique. Et c’est ça qui est chouette parce que ça devient plus personnel pour eux. Parfois ils viennent te voir et ils te disent « Ah, cette chanson, elle parle vraiment de moi. Comment est-ce que tu as fait pour capturer ce sentiment que je connais très bien ? », et c’est pas forcément ce que moi je veux dire par les paroles. C’est l’interprétation qu’ils en font. Et pour nous c’est parfait, parce que ça revient un peu à la façon dont on travaille. Quand j’ai fini d’écrire les paroles, Coen les lit et il me dit quelle histoire il y voit. Qui n’est pas forcément la même que moi et à ce moment-là on se dit que les paroles passent.

Comment ça se passe d’ailleurs la composition à deux ?
Ça dépend, on n’a pas une façon structurée d’aborder les chansons. C’est Coen ou moi qui apportons une idée, et puis après on joue au ping-pong, on partage, on travaille à deux comme ça. C’est une vraie collaboration fluide. A La fin, c’est plutôt moi qui fais les paroles, parce que c’est moi qui les chante et il faut que je me sente à l’aise avec elles. Voilà, c’est comme ça.

Et le fait que tu aies écrit l’album à la maison (après en avoir écrit un autre dans un théâtre), ça change quelque chose ?
Ben en fait, il faut surtout que le lieu sonne bien, qu’il y ait une bonne acoustique. Et la maison pour nous c’est un grenier sans réverb. Et puis aussi ce qui compte c’est que, comme on était chez nous, il n’y avait pas la pression de l’horloge. Comme on prend notre temps, qu’on fait beaucoup de recherches, qu’on aime bien essayer des trucs et puis les rejeter, ça peut coûter la peau du cul en studio.
Et tout a été fait dans notre living. Et dans la cuisine, mais c’est la même pièce.

C’est très artisanal comme approche, très DIY, c’est quelque chose qui compte pour toi ?
Mais, qu’est-ce qui n’est pas artisanal dans le processus de composition ? Je ne vois pas comment faire autrement…

Beaucoup d’autres groupes se reposent énormément sur le studio. Et comptent sur la technologie pour faire leurs disques, avec une approche plus systématique, plus planifiée.
C’est vrai, et dans une certaine limite on le fait aussi, mais des qu’on commence à enregistrer, tout change. On revisite les structures des chansons, parfois on fait une seule chanson à partir de deux autres. Et puis certains sons peuvent nous inspirer et changer la direction de la chanson. C’est un mélange entre un instant de créativité et de travail de force. A un moment tu t’assieds et tu travailles, et puis tu enregistres et c’est un recommencement du travail.

Et comment John Kelly (ingénieur son / producteur) est-il intervenu la dessus ?
Une fois qu’on avait tout enregistré à la maison, on voulait quelqu’un qui ait du métier et une oreille fraîche sur ce qu’on avait fait. Parce qu’on voulait quelqu’un de professionnel et qui ne soit pas belge, John Kelly, c’est un excellent professionnel, il a plus de 40 ans d’expérience avec des pointures. Donc il correspondait à ce qu’on voulait. En plus il est super agréable, il est chouette.

Est-ce qu’il a lui aussi contribué au disque, est-ce qu’il a apporté un son nouveau ou de nouvelles idées ?
Non, il était vraiment ingé son sur le projet, il a parfois apporté des idées pour les singles, parce que pour la radio il faut un format un peu plus court, mais ça s’est arrêté là, il a été très respectueux de notre travail. Il n’a pas produit l’album. Tout ce travail avait déjà été fait par nous. Il a (elle hésite) mis en place les morceaux, affiné les sons. C’est un travail très important et très subtil.

Je trouve ça intéressant qu’il soit intervenu sur les singles. C’est quelque chose qui te préoccupe quand tu écris ? « Oh, il faut que je fasse un hit » ?
Non, pas vraiment, parce que tu ne peux pas choisir de faire un hit. En tous cas, pas nous, ça ne marche pas. J’essaye de faire un album cohérent, avec une histoire. Déjà, on touche à beaucoup de styles, mais non, on essaye pas de faire des hits. On essaye de faire les meilleures chansons possibles.

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