FRIDA HYVÖNEN – Until Death Comes
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Cette scène extraite du film "Imagine"… Celle où Lennon est seul au piano, interprétant la chanson-titre, tandis que Yoko Ono ouvre petit à petit les volets de la pièce, révélant un gigantesque living d’un blanc immaculé, sans rien si ce n’est ce piano et cette voix qui résonnent. Ce sentiment de pureté qui prend quasiment à la gorge… Je ne suis pas là pour vous parler de John Lennon, malgré tout l’amour que je lui porte : ce sera pour un autre jour… Parlons ici de cet authentique OVNI en provenance de Suède, "Until Death Comes". Si j’ai évoqué le film "Imagine", c’est tout simplement parce que c’est une image qui, à mon sens, représente tout à fait cet album. Une voix portée par un piano limpide, de la pop souveraine. Les grands morceaux révèlent souvent leur véritable beauté dans le dénuement total, sans apparat ni effet (hormis, dans le cas présent, quelques petites voix doublées). Ici, à une ou deux exceptions près, Frida Hyvönen est seule au piano ou à l’orgue, face à elle-même. Elle se distingue par ce choix artistique de Tori Amos ou Kate Bush, qui emballent souvent leurs compositions pianistiques dans des arrangements élaborés (comme sur "Wuthering Heights" de la reine Kate). Frida parle d’elle dans toutes ses chansons, de cet amour qui la brûle comme le froid qui perce à travers ses "white thin leather gloves", de ses rêves, de cette "Valerie" qui la déconcerte ou encore de sa tristesse quotidienne noyée dans l’alcool.
En cette époque, où un disque dure en moyenne 65 minutes, Frida nous rappelle que les plus grands disques tournent tous autour de la demi-heure. En 29 minutes (comme "Histoire de Melody Nelson" de Gainsbourg), la demoiselle du Nord signe des mélodies immédiatement assimilables (l’essence même de la pop), sans pour autant tomber dans la facilité. Elle a compris que son parti-pris de signer un album entier sans autre instrumentation qu’un piano pouvait entraîner, sur la longueur, une petite lassitude pour le public pop. C’est pourquoi elle conclut l’affaire en une petite demi-heure et place au beau milieu de l’album une véritable perle sixties, "Come Another Night". Soutenue par une trompette et un groove au croisement de la Motown et de Joe Tex, ce morceau, au tempo échevelé se déroule comme dans un rêve spectorien. Un de mes rêves préférés. Les claquements de mains, les montées vocales infinies, le tambourin… Tout ceux qui ont déjà versé des larmes de bonheur à l’écoute des Ronettes ou de Mary Wells savent de quoi je parle.
Dans les pays du nord de l’Europe, la température est souvent glaciale. Mais Frida Hyvönen démontre qu’une flamme pop y brûle parfois et ne demande qu’à nous consumer.
Frédéric Antona
I Drive My Friend
Djuna !
Valerie
You Never Got Me Right
Once I Was A Serene Teenaged Child
Today, Tuesday
Come Another Night
N.Y.
The Modern
Straight Thin Line