NEW BUFFALO – The Last Beautiful Day
(Kooky / Differ-Ant) – acheter ce disque
Le one-woman/man band est un phénomène assez fascinant. En toute logique, la vision la plus pure ne peut venir que d’un esprit artistiquement isolé – on parle ici d’un musicien qui va peu ou prou tout écrire, composer, jouer, chanter, enregistrer, produire… Or, dans la musique dite populaire, il est amusant de constater que le phénomène – et sa multiplication contemporaine- est assez récent: par l’évolution et la démocratisation des techniques d’enregistrement, l’ambition devient le fait du solitaire. Citons Sarah Assbring/El Perro Del Mar, Jens Lekman, Kieran Hebden/Four Tet, Richard Swift, Jeff Martin/Idaho, Carey Mercer/Frog Eyes, Elliott Smith (mieux, Jeff Hanson), Khonnor, Zach Condon/Beirut, Mugison, voilà quelques mavericks à l’origine de véritables chefs- d’œuvre, dépositaires d’une vision artistique profondément singulière.
Sally Seltmann est australienne. Elle est l’unique membre de New Buffalo. "The Last Beautiful Day" est son premier album, sorti en Australie en 2004; il est aujourd’hui disponible dans nos contrées, et c’est sans aucun doute une bonne nouvelle. La musique de notre amie des antipodes la place au confluent de Jens Lekman et Julie Doiron, tant sur le fond que la forme. De discrets samples orchestraux viennent habiller des bases typiquement indie, pop/folk douce-amère et quelques réminiscences shoegaze et velvetiennes dans les textures (Mazzy Star, sors de ce corps). La voix est belle, toujours légèrement éplorée, il y a d’ailleurs un côté Feist indéniable là-dedans… Sur le disque, Miss Sally s’occupe à peu près de tout: elle joue guitares, basse, claviers, chante, programme, écrit, enregistre et produit. Mais mais mais, il y a trois invités, et pas n’importe lesquels: Jim White, le meilleur-batteur-du-monde-de-l’indie (Dirty Three, Smog, Will Oldham,…), intervient sur trois titres – il devient tellement sobre/minimaliste ces derniers temps qu’on pense toujours d’abord avoir affaire à un homonyme débutant ; en fait non, c’est la classe. Beth Orton (oui) vient plaquer quelques chœurs plus ou moins nécessaires sur "Inside"; et l’ami Lekman a été convié à chanter sur "Inside The Corrections", piste inédite de la version 2006, ce qui est assez peu étonnant tant la chanson lui ressemble. Alors non, cet album n’est pas un chef-d’œuvre, et n’entendait d’évidence pas l’être. C’est cette humilité qui fait sa grande force, son charme mélancolique, mais empêche pour l’heure le travail de Sally Seltmann de se hisser aux hauteurs vertigineuses de certains.
PAM
Recovery
I’ve Got You and You’ve Got Me (Song Of Contentment)
No Party
It’ll Be Alright
Time to Go to Sleep
Yes
Inside
Come Back
While You’re Away
On Sunday
Inside The Corrections