BONNIE "PRINCE" BILLY – The Letting Go
(Domino / Drag City) – acheter ce disque
La question me taraude depuis une semaine. "The Letting Go" est-il le meilleur album de Will Oldham ? Cette interrogation contient certainement en elle-même une partie de la réponse mais je ne peux me résoudre à la traiter trop rapidement.
Je tente alors quelques comparaisons.
Je pense tout d’abord à "Master and Everyone" dont il me semble qu’il se rapproche le plus par son ambiance apaisée et dépouillée. Ce dernier album est du même niveau mais je ne peux les départager tant il y a de chansons attachantes dans "Master…".
Je pense à "Arise Therefore" et je me dis que ces deux disques ne sont absolument pas comparables : doute et tension d’un coté, apaisement et maturité de l’autre.
Je pense à "Ease Down the Road" et je me dis que cet album est sous-estimé.
Je pense à "I See a Darkness" et je me dis que la chanson éponyme est la plus belle de Bonnie "Prince" Billy.
Je pense à "There Is no One that Will Take Care of You" et je me dis que l’écriture de Will Oldham a évolué et que ce premier album reste un chef-d’oeuvre absolu.
Je pense à la furie de "Summer in the Southeast" et je me dis que "The Letting Go" en est l’exact opposé.
Bref, je ne réponds pas à la question.
Ou bien je peux tenter d’y répondre en biaisant : c’est peut-être le meilleur album de Faun Fables, groupe dont je ne connaissais rien il y a une semaine. Dawn Mac Carthy, sa chanteuse et tête pensante, intervient longuement sur "The Letting Go", à tel point que ce disque n’est pas uniquement celui de Will Oldham mais un album à deux voix.
On ne dira jamais assez ce que Dawn Mac Carthy apporte à "The Letting Go".
Je pense au folk anglais et je me dis que Will Oldham lui doit beaucoup. Autrefois, ses sources d’inspiration se trouvaient du coté de Fairport Convention et de Richard Thompson. Ici, on appréciera un quatuor à cordes qui pousse le moderne troubadour sur les sentiers explorés par Nick Drake sur "Five Leaves Left".
Je pense à cet ensemble et je me dis qu’il est révélateur du plus grand soin apporté aux arrangements. C’est peut-être, d’ailleurs, la grande nouveauté de ce dernier album. Deux morceaux en témoignent particulièrement : un "Cursed Sleep" tout en tension progressive, voire en progression tendue, soutenu par des cordes, légères au début, vrombissantes à la fin ou encore le tortueux "The Seedling".
Je pense à Debussy.
Je me dis que la production (islandaise) est pour une fois à la hauteur.
Je pense à ce nouveau disque de Bonnie "Prince" Billy ; différent des autres mais qui en possède tous les ingrédients.
Et je me dis que c’est un très grand disque.
Vinnie Terranova
Love Comes to Me
Strange Form of Life
Wai
Cursed Sleep
No Bad News
Cold and Wet
Big Friday
Lay and Love
The Seedling
Then the Letting Go
God’s Small Song
I Called You Back