YELLOW SWANS – Drift
(Acuarela / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
L’exposition dont bénéficient aujourd’hui les musiques extrêmes est plus importante que jamais, à un tel point que les noms de noise & ambient artists, il y a peu de temps totalement ignorés, tendent aujourd’hui à sonner frais et sexy. Essayez avec vos amis ou vous-même : Wolf Eyes, Sunn O))), Fennesz, Merzbow, pour les über-arty Hair Police et Nadja… Si vous sentez un frémissement vous parcourir la colonne vertébrale, vous êtes affreusement branché, félicitations : il y a fort à parier que vous lisez Technikart, Versus, The Wire et Rock-A-Rolla pour les anglophones, consultez Pitchfork deux fois par jour, et crevez d’envie d’acheter le mini-split hand-made Fantômas/Melt Banana que je viens de recevoir avec joie. Et nos amis Yellow Swans dans tout ça ? Mais c’est simple : l’entité créée par Peter Swanson et Gabriel Mindel Saloman développe une sorte de "power ambient" (le terme est de Stephen O’Malley et Greg Anderson de Sunn O))), concernant leur propre musique) grésillante en diable, elle est signée chez Acuarela, cautionnée par Xiu Xiu (concerts communs, backing band sur certains morceaux) : elle est indie branchouille. Soyons toutefois bons et justes, hype ne veut pas dire mauvais, les groupes précités en sont tous de flagrants exemples ; d’ailleurs, ce n’est pas comme si ce genre de hype permettait d’obtenir un quart de disque d’or… Sinon, Yellow Swans, c’est assez classique sur la forme – en termes de musique experimentale, entendons-nous bien : vagues de pertubations électroniques, feedbacks et réverbérations, drones bourdonnants et brouillant quelques mélodies abstraites et autres arpèges éthérés, le tout étant conçu comme une lente dérive, d’où le nom de l’album – comme quoi, la logique fait rage dans la noise music – en trois parties innommées, et servant de prélude à leur futur LP (les artistes expérimentaux ont tendance à multiplier sorties, labels et supports). Et on accroche doucement mais sûrement à "Drift", le but est atteint, cette dérive est parfois cotonneuse, parfois plus douloureuse, toujours éthérée, et dans tous les cas fort bien agencée. Une réussite.
PAM