OVER THE ATLANTIC – Junica
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"Junica", entrée en matière discographique du duo néo-zélandais Over The Atlantic se laisse aisément identifier comme un pur produit indie-pop à certains signes caractéristiques : basses rondes et pointilleuses, zébrures et embardées des guitares, voix légèrement embrumée et nonchalante à la façon de Swell, claviers, rythmes et bleeps à la poursuite de la formule magique de Notwist, un déroulement linéaire des compositions culminant dans un très beau finale répétitif et enivrant ("Fly to The States"), un esprit général de bande originale de road-movie qui donne envie de s’embarquer dans l’aventure (la track-list constitue d’ailleurs une sorte de parcours géographiquement balisé par des repères aussi différents que Jess, France, le cœur du pays ou, comme on l’a vu, les Etats-Unis). Mais quoi, cela suffirait-il, d’une part à rassurer sur l’authenticité, pour ne pas dire l’originalité, de la démarche, d’autre part à déborder le cercle des aficionados ? La réponse est plutôt rassurante. La musique est très bien ficelée et laisse apprécier de subtiles variations de codes : à preuve le finement titré "Kevin Shields" qui commence sur un lit douillet de claviers effleuré par les voix, avant d’évoluer vers un son noisy tout à l’hommage qu’on imagine envers l’éminence grise de My Bloody Valentine. On remarquera également "France", avec ses inserts un peu indus dans une formule résolument pop, ou de nouveau l’aération électro, presque dansante, du dernier morceau. Voilà donc deux musiciens (Bevan Smith et Nik Brinkman) suffisamment érudits et esthètes pour détourner, à leur manière discrète et aimable, les règles apprises de leurs musiciens fétiches. On ne saurait demander davantage à un premier essai dont le seul grave tort est d’être, de bout en bout, une jolie chose.
David Larre
Starsign
Glass Breaks
Jess
Kevin Shields
Heart Land
France
Honest Words
Black and White
I Cannot Believe
Fly to The States