SPARKLEHORSE – Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain
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Ce qui fascine chez Sparklehorse et ce qui fait sa marque de fabrique, c’est son élégante sobriété, sa capacité à communiquer des émotions transcendantes avec des éléments rudimentaires : constructions minimalistes, simplicité et rythme métronomique. Chaque geste est mesuré, et sa nécessité évaluée. Cinq ans après son dernier effort, on retrouve le groupe fidèle à lui-même et la formule fonctionne toujours sur quelques pépites comme les très pop "Shade And Honey" et "Some Sweet Day". "See the Light" rappelle, quant à elle, les grandes heures du Radiohead millésime 1997. La saturation latente et les breaks insensés de guitare électro-acoustique sur "Mountains" en font l’une des plus belles réussites de l’album.
On retrouve également un Sparklehorse d’apparat sur "Morning Hollow" ou "Knives Of Summertime", de ces morceaux qui font la force du groupe sur scène, lorsque les individualités se taisent au profit du collectif, et qui s’étirent inlassablement dans un downtempo jubilatoire et magnifiquement orchestré. De cette attitude parfaitement calculée et maîtrisée naît la complémentarité et l’harmonie d’ensemble. A l’exact opposé de la surenchère généralement propre au rock. Jusqu’ici tout va bien…
Malgré ses qualités, "It’s a Wondeful Life" m’avait laissé un souvenir amer. Tom Waits entachait l’album d’une présence totalement hors de propos et dont l’intérêt demeure un mystère. Quant à cette nouvelle livraison, elle tente de dissimuler de manière grossière l’inavouable, d’où une déception plus grande encore. En effet, 25 des 55 minutes de l’album proviennent en fait des sessions de "It’s a Wonderful Life" : "Morning Hollow" figurait sur la dernière piste de l’album, "Ghost in the Sky" sur son édition japonaise, le morceau éponyme sur son édition vinyle (elle a ainsi pour l’occasion changé de nom). Enfin, "Shade And Honey" est une chute de studio qui figurait sur la B.O. d’un film sorti en 2002.
On ne sait si on doit en rire ou en pleurer : on essaie de nous faire passer pour un nouvel album ce qui s’apparente plus à une compilation. Tous comptes faits, le groupe est à créditer de 30 minutes de production en 5 ans, soit un peu moins de deux chansons par an. Ça n’est pas bien glorieux. Tom Waits (encore lui) joue discrètement du piano sur "Morning Hollow" : ce sera sûrement l’occasion de placer à nouveau un sticker "guest star" sur le boîtier. On ose en tous cas nous la faire passer pour inédite. "Ghost in the Sky", vieillerie jouée maintes fois en concert, est programmée comme single. Certes, les chansons sont bonnes et l’album cohérent. Le groupe va s’offrir à un public plus vaste. Mais on attendait beaucoup mieux que ces basses manœuvres commerciales et cet aveu d’impuissance créatrice.
Nicolaz Guidon
Don’t Take My Sunshine Away
Getting It Wrong
Shade And Honey
See the Light
Return to Me
Some Sweet Day
Ghost in the Sky
Mountains
Morning Hollow
It’s Not So Hard
Knives of Summertime
Dreamt for Light Years in the Belly of A Mountain