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Disques

Harris Newman – Dark Was The Night

HARRIS NEWMAN – Dark Was The Night
(Madrona Records) [site]

HARRIS NEWMAN - Dark Was The NightHarris Newman est un guitare-hero spécialisé dans le "finger picking", comme on dit en anglais. En français on dit juste : "picking". Ce sont des arpèges complexes qu’on joue habituellement à la guitare folk, qui sonnent folk et qui comportent aussi des contrepoints, c’est-à-dire des mélodies qui s’intercalent, un peu comme dans une fugue de Bach mais en un peu plus simple. Newman excelle dans cette technique bien plus que dans le genre qu’elle illustre d’habitude. On l’imaginerait volontiers s’être dit un jour la chose suivante : "bon, ça y est, je suis une bête au picking, j’ai eu ce que je voulais, je fais quoi, maintenant ?" La réponse nous est parvenue avec cet album discrètement démoniaque. De toute évidence, l’homme ne cherche pas fabriquer l’ovni parfaitement calibré pour se faufiler entre tout ce qui existe déjà. On dirait simplement que ses références ne lui suffisent plus. Ça peut se comprendre quand on sait qu’il habite Montréal et qu’il est plus que sérieusement acoquiné à cette bande peu recommandable que constituent les groupes signés sur le label Constellation. Pour résumer, on sent que Harris veut aller au bout de son désir de jouer de la guitare. Alors, concernant le côté répétitif que certains classeraient comme "limite barré voire expérimental", je répondrais juste : bah, ça joue, quoi. Ça joue grave ! Et avec le tube en acier qu’on appelle couramment un goulot de bouteille et qui sonne généralement soit blues, soit Ry Cooder dans "Paris-Texas", eh bien avec ce truc donc, il continue à faire son picking presque comme si de rien n’était, ou alors des slides assez savants (genre "ça glisse mais pas jusqu’où on penserait") et avec fort peu de clichés du genre, qu’on aime bien aussi mais qui n’auraient pas leur place ici. Ce qui fait également beaucoup de bien, c’est qu’on sent qu’il y a de la viande derrière le bout de bois. En d’autres termes, au montage, il préfère garder la prise avec deux ou trois fausses notes et beaucoup d’émotion plutôt que celle jouée au millimètre mais qui balance un peu moins. Encore bravo pour ça, Harris, et pour toutes ces surprises qui nous arrivent, tout au long de l’album, quand on s’attend à entendre de la guitare, alors qu’en fait…

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