GRAVY – Gravy
(Pony Records / Rock Revolution records) [site] – acheter ce disque
Les Danois de Gravy n’ont pas peur des grands écarts : en 11 titres, ils entreprennent de jeter des ponts entre la pop music des 50’s et des 60’s et l’indie-rock des 90’s. Et le résultat se révèle étonnamment homogène ; les chansons, loin d’être bancales, semblent couler de source et s’imposent immédiatement autant par la clarté de leur construction que par l’évidence de leur mélodie. La musique de Gravy, pourtant, reste relativement sauvage : elle refuse les apprêts clinquants et l’esbroufe tape-à-l’oeil, pour s’épanouir dans un climat bricolo-foutraque qui rappelle celui de l’"Odelay" de Beck. De la "pop garage", donc, enthousiaste et efficace. Qui, quoique lumineuse, offre aussi, à l’écoute, des zones troubles : un climat de douce nostalgie, de mélancolie diffuse imprègne l’album – sans jamais prendre complètement le dessus ou briser l’équilibre.
Le chant de Nikolaj Grummesgaard s’appuie sur les riffs et les arpèges accrocheurs des guitares vintages et omniprésentes, qui mènent la danse ; la section rythmique, très solide (en studio comme en live, deux batteurs officient dans Gravy), donne envie de taper du pied ; les synthés, brumeux ou cristallins, ainsi que de petites touches d’électro, viennent rehausser les couleurs de l’ensemble. Difficile de résister aux "good vibrations" de l’imparable "That Girl" ou au groove bizarroïde de "Party in the Mens Room". Derrière la nonchalance affichée des morceaux, il y a de l’énergie et de l’électricité à foison : "Behind My Walls" pose ainsi Gravy en cousins scandinaves de Pavement, tandis que "Do I Feel Free" croise de façon improbable les Pixies et les Cure. Les accents psyché-surf tordus de "Shine on Us" rappellent le rock de The Coral ; "Bored and Lazy", ballade entraînante et entêtante, surprend par ses guitares vaguement country et farfelues.
Rapidement, on se surprend à fredonner, un sourire béat aux lèvres… Certes, Gravy ne va pas révolutionner le paysage musical. Mais leur premier disque, rêveur et humble, à la fois ensoleillé et lunaire, n’en est pas moins fortement sympathique. A écouter les pieds dans le sable des vacances et la tête dans les nuages pop.
Aurélien Gaidamour
Meltdown
That Girl
Cant You See
Shine on Us
Party in the Mens Room
Behind My Walls
Do I Feel Free
In Love With Me
Ocean and Sun
Bored and Lazy
Remember Me