NOMAD – Lemon Tea
(Hue / Inpartmaint) [site]
Cavemen Speak, Gunporn, Zucchini Drive, Nuccini ou, plus récemment, l’alliance entre Nomad et Epic : les Belges de Shadow Animals multiplient les projets, les initiatives et les collaborations. Leur activisme, leur créativité, leur enthousiasme ne font pas de doute. Ils ont joué (et continuent de jouer) un rôle fondamental dans la fédération de cette grande scène transatlantique qui relie les Canadiens de Clothes Horse Records et le Floridien Bleubird aux Européens de Stacs of Stamina, Giardini di Miro ou Morr Music. Bref, les Shadow Animals sont essentiels. Pourtant, il a toujours manqué quelque chose pour que leurs multiples sorties s’avèrent véritablement indispensables. Siaz et Nomad font partie de la famille, ils ont toujours su faire preuve de diversité, d’ouverture d’esprit, de capacité de renouvellement. Chacun de leurs disques est formellement irréprochable. Mais il y a toujours eu ce petit côté élève appliqué, cette impression de trop coller aux modèles anticoniens, de Why? à 13 & God, qui empêche l’auditeur exigeant d’adhérer pleinement.
Mais récemment est sorti « Lemon Tea ». Proposé par le label japonais Hue, responsable récemment de la très bonne compilation « Hue and Laugh and Cry », ce disque d’une petite demi-heure ne bénéficiera pas de la relativement bonne promotion (toutes proportions gardées) accordée au « Being Kurtwood » de Zucchini Drive. Ce premier album solo de Nomad ne pourra même pas profiter de la curiosité suscitée par celui qu’il a sorti dans les mêmes eaux avec Epic. Ca n’est qu’une suite de toutes petites chansons enregistrées en catimini dans sa chambre par un jeune homme timide et à barbichette, comme le laisse penser le clip très artisanal du titre « Boardercross » disponible en bonus sur le CD. Cependant, Lemon Tea recèle quelques-uns des titres les plus touchants jamais proposés par le garçon de Courtrai.
Avec sa voix d’homme-enfant moitié naïf moitié désabusé, avec ses histoires de drames cachés et de joies forcées, et grâce à son talent de multi-instrumentiste (guitare, électronique, quelques touches d’orgue et de xylophone, des handclaps), Nomad livre une jolie brochette de titres emo rap, parmi lesquels le « Boardercross » déjà cité, le très joli « Backbone » qui ouvrait la compilation de Hue, les tout aussi bons « Left Hand/Right Hand » et « Yesterday ». Et puis le crescendo de « Take it Back Yo! », la pièce maîtresse de l’album, celle qui reprend le plus clairement le message que le Belge égrène tout au long de son disque, à savoir qu’en dépit des peines et des malheurs qui la parsèment, la vie vaut la peine d’être vécue. Cette leçon de persévérance, Nomad l’applique d’ailleurs à son propre groupe à en croire le titre « Shadowanimals ». Et en cela il a raison, car ce « Lemon Tea » tardif est l’une des sorties les plus convaincantes jamais proposée à ce jour par ces Belges.
Sylvain Bertot
Boardercross
Shadowanimals
Backbone
Apples
Left Hand/Right Hand
Dirt
Brody
Lemon Tea
Give Up
Yesterday
Take It Back Yo!
Hahaha