THE DELGADOS – The Complete BBC Peel Sessions
(Chemikal Underground / Pias) [site] – acheter ce disque
Le parcours, désormais achevé, des Ecossais The Delgados est retracé de façon fidèle par ce double cd rassemblant leurs diverses prestations live pour la BBC de John Peel qui en avait fait un de ses groupes préférés. A l’exception plus que notable de « Hate« , album où la main mise de Dave Fridmann, producteur, s’était sans doute trop fait sentir, tous les albums du groupe sont représentés, dans l’ordre chronologique, avec un souci d’exhaustivité qui donne leur place aux morceaux extérieurs aux albums et aux reprises.
Le premier cd permet de mesurer la maturation du groupe, depuis les premières déflagrations noisy qui résonnent encore de l’écoute attentive des Pixies jusqu’aux recherches pop amples de l’album « Peloton ». Ce qui frappe, notamment à l’écoute des morceaux de la première session (pour le programme Beat Patrol de Radio Scotland qui permit à Peel de les découvrir), c’est la fraîcheur pop qui traverse les entrelacs de guitare et la voix déjà affirmée d’Emma Pollock, autant d’atouts que le groupe saura faire jouer jusqu’à la fin et qui signent leur marque de fabrique. La seconde session, captée dans des conditions techniques parfaites, permet d’apprécier la vigueur des morceaux qui composeront le premier album « Domestiques », sans doute plus timide dans sa version studio. La troisième, essentiellement acoustique, voit le groupe élargir les arrangements des compositions à la flûte de Camille Mason et à un trio de cordes, marquant alors son aspiration à une sorte de classicisme pop. C’est la mise en place d’une formule qui trouvera à s’épanouir sur « Peloton » (1998), « The Great Eastern » (2000) et « Hate » (2002). Du premier, deux sessions live sont proposées, d’où émergent les très beaux « Pull the Wires From the Wall », « Don’t Stop » (qui mélangent habilement les voix d’Emma et Alun, les guitares et les flûtes, noirceur et délicatesse) ou encore « Blackpool ».
Le second cd offre peut-être moins de surprises pour qui connaît la suite de la carrière du groupe mais la qualité des sessions est excellente, peut-être supérieure à celles du premier. Les morceaux de « The Great Eastern » sont reproduits avec un grand souci de fidélité, louable quand on sait ce que la production de Fridmann offre de difficultés et, vocalement comme instrumentalement, les versions proposées sont très soignées et abouties : « No Danger » ou « Make Your Move » gardent leur mystère, ce je-ne-sais-quoi de grâce évanescente qui fait la beauté de l’album. Puis vient une session de reprises proprement savoureuse : « Mr Blue Sky » (ELO), qui concluait les concerts du groupe période « Hate », se prête parfaitement à la voix mutine d’Emma et aux arrangements pop du groupe, « California über Alles » (Dead Kennedys) signe le retour à l’esprit noisy-punk des origines, « Matthew and Son » (Cat Stevens) donne à l’occasion à Alun de relever un (gros) défi vocal. « Last Rose of Summer » (The Symbols), rendu un peu étrange par l’arrangement, et sur les sessions suivantes, « Parcel of Rogues » (traditionnel écossais mis en mots par Robert Burns) et « Ballad of Accounting » (Ewan McColl) sont encore très réussis. Enfin, last but not least, les morceaux du dernier album « Universal Audio » voient le groupe s’affranchir de Fridmann et de la surenchère dans la production pour revenir à un pop-rock racé et sensible que « I Fought the Angels » ou « Everybody Come Down » représentent très bien. De quoi regretter davantage que le groupe n’existe plus. Mais le regret n’est sans doute pas de mise : les membres du groupe restent très actifs sur leur label, Chemikal Undeground, et Emma vient de signer chez 4AD. L’histoire va donc continuer de s’écrire.