SEMION – Help Me I Work In An Office
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Pochette et lettrage directement inspirés du "Help" des Beatles, 14 morceaux tournant, à une exception près, autour des trois minutes, le constat est facile à faire : on ne risque pas d’écouter du rock progressif ici. Semion nous a concocté un loaded album, chargé de hits potentiels. C’est l’orthodoxie et les sacro-saintes règles pop qui sont ici appliquées. Toutefois, "Help Me I Work in an Office" sonne résolument moderne, avec certains titres lorgnant sur les Strokes ("Liverpool Sunset", entre autres… Ce titre, déjà, évocateur de tant de douces choses), sur REM ou encore sur quelques bons côtés de Weezer. Il y a dans "Overboard" un truc absolument irrésistible, ses arpèges distillés sur le refrain, ce tambourin discret… Semion n’a pas oublié les recettes qui gagnent. Le disque me rappelle, par endroits, les remarquables Go-Betweens, dont le guitariste-chanteur Grant McLennan nous a quittés récemment. "Honour", en particulier, a une grille mélodique approchante de "Streets of Your Town".
L’album ne déborde pas d’originalité, mais a le mérite d’être particulièrement homogène et cohérent par son ton et sa qualité. En cela, il passe tout à fait agréablement sur la platine. J’aimerais toutefois être davantage surpris, tendre l’oreille, attiré par des passages d’accords inattendus, un travail des morceaux qui ne soit pas une reproduction de schémas préétablis. Prenez le morceau "Year of the Monkee", excellent au demeurant, avec ce qu’il faut de chœurs, guitares punchy et alternances de passages calmes et enlevés. On dirait qu’on parle d’une recette de cuisine. Je pressens la fin du morceau dès les premières secondes. "Jangle #1" ou "Another Clue" sont des chansons plus originales, apportant une dimension mélancolique qui manque parfois à l’album. De la même manière, les voix sont irréprochables… mais sonnent à certains endroits aseptisées (le début de "Get a Grip" en particulier).
"La musique mérite qu’on la fasse pour elle-même", disait Brian May. Même s’il n’a pas eu une carrière irréprochable, sur ce point-là au moins, le guitariste de Queen avait raison. Semion a produit un album d’excellente facture, mais il doit se familiariser avec des univers plus en marge pour donner à sa musique une force supplémentaire. C’est le seul moyen de démontrer que la pop n’est pas gravée dans le marbre, et reste une musique vivante. "Friends", qui clôt l’album, plus folk et acoustique, ouvre de nouvelles portes. Osons la mise en danger, que diable !
Frédéric Antona
Rum Runner
Liverpool Sunset
Rubbing Alcohol
Overboard
Never Changes
Honour
Black Cloud
Year of the Monkee
Jangle #1
Another Clue
Get a Grip
Transmission
Good Times
Friends