MR. TUBE AND THE FLYING OBJECTS – Listen Up
(City Centre Office / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Quand il n’a pas le cœur lourd, Pall Jenkins, le co-leader de Black Heart Procession, va prendre l’air du côté de la frontière mexicaine. C’est comme ça qu’entre deux tournées avec son groupe, il a réalisé ce side-project purement informel. Suite à une histoire abracadabrante de téléviseur en panne et de vendeur de tapis, Pall, qui se fait aussi appelé Paulo Zappoli, s’est pris d’amitié pour un vieil olibrius du nom de Mr. Tube. Ce musicien californien, parfaitement inconnu, a débuté sa carrière dans les années 60 sans jamais avoir enregistré la moindre galette. Il était temps qu’une âme charitable passe par là pour le délivrer de sa malédiction et lui rendre justice. Avec "Listen Up", le résultat est à la hauteur de cette histoire rocambolesque digne d’un scénario de Tarantino : délirant et anecdotique. A l’écoute de ce disque ovni, vous aurez constamment l’impression d’entendre un groupe de rock mariachi jouer par-dessus un soundsystem jamaïcain. Certes, ce côté patchwork musical latino peut décontenancer mais son esprit festif rend rapidement le disque attachant et groovy. Ça grince, ça couine, ça gigote dans tous les sens comme si le groupe se baladait à l’arrière d’un pick-up sous une chaleur torride. A l’évidence, les musiciens s’en donnent à cœur joie et passent le jazz, l’electro, le ska et le rock steady à la moulinette, à l’image du titre "Jesus Was a Vato" digne d’une production du mythique Studio One. Ce titre est d’ailleurs directement remixé en plage 9, histoire de montrer à quel point tout le monde en redemande. Autres pépites à dégager de ce maelström sonore dégoulinant de riffs gras et de barrissements de sax, "Put Me Back on Your Side", "Brothers in a Bind", "Tryin’", "Todos los Noches", derrière lesquels on reconnaît la voix de desperado de Pall, au point peut-être d’éclipser l’auteur de ces chansons écrites pour la plupart entre 1969 et 1978. Au final, on ne sait pas très bien si Mr. Tube, alias Freddie Dillinger, joue sa musique ou celle de son mécène, en revanche, au terme de ce voyage en roue libre, embarquant aussi le bassiste Jovi Butz, les choses rentrent gentiment dans l’ordre : Mr. Tube reste voué à l’anonymat, Pall Jenkins à la lumière et leur album, baigné d’effluves de bière tiède, peut prétendre au statut de disque culte. Remercions la divine providence d’avoir fait converger ces destins improbables.
Luc
Put Me Back on Your Side
Brothers in a Bind
Tryin
Lost Days
Todos los Noches
Jesus Was a Vato
Long Night Review
The Sell
Mexican Remix
In the Arms of Demons