TOM VERLAINE – Around
(Thrill Jockey / Pias) – acheter ce disque
Dans un music business où les plans de carrière ressemblent de plus en plus à celui d’un cadre sup (premier album, promo, tournée, remise en forme, retour en studio pour le second et rebelote), il reste heureusement quelques irréductibles qui ne suivent que leur propre rythme. Sans être un cas aussi extrême que Scott Walker ou Mark Hollis, Tom Verlaine fait assurément partie de cette confrérie, préférant à la lumière l’ombre de son amie Patti Smith, se produisant sporadiquement sur scène (en solo ou avec Television) et sortant des disques quand ça lui chante. Ainsi, alors qu’il n’avait rien fait paraître d’inédit sous son nom depuis près de quinze ans, voilà qu’il revient avec non pas un, mais deux albums. L’un, "Songs and Other Things", est essentiellement chanté, l’autre, "Around" – qui nous intéresse ici -, instrumental et atmosphérique. C’est un peu la suite de "Warm and Cool", sorti en 1992 et récemment réédité, dont il reprend la formation en trio et la spontanéité. A en croire Verlaine, tout a été enregistré dans les conditions du live, les musiciens faisant ensuite le tri dans les prises et corrigeant les quelques erreurs.
Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’improvisations, "Around" apparaît comme l’équivalent musical du carnet de croquis d’un dessinateur surdoué et dilettante. Les riffs et accords spectraux du virtuose de la Fender, les discrètes lignes de basse de Patrick Derivaz et les syncopes jazzy de Billy Ficca, le batteur de Television, sont autant de coups de crayon légers mais sûrs. Evidemment, on ne trouvera pas ici de tableaux de maître comme "Marquee Moon" ou "Days on the Mountain", plutôt de modestes esquisses donnant une belle idée de ce que peut être une musique en liberté. Chose amusante, le tracklisting du disque se lit comme un lexique (tom-)verlainien : des mots comme "rain", "sidewalk", "mountain", "curtains" ou "letter" abondent dans les titres et/ou les textes de ses chansons. Comme si "Around" était finalement un concentré ou un précipité de son style, fait d’intuitions géniales et d’influences bien digérées (un peu d’Afrique sur "Meteor Beach", de rockabilly sur "Wheel Broke") ; un disque littéralement post-rock au sens qu’il déconstruit le rock pour n’en garder que la substantifique moelle. Aussi anecdotique qu’essentiel, donc.
Vincent Arquillière
The O of Adore
Brief Description
Rain, Sidewalk
Shadow Walks Away
Meteor Beach
Mountain
Candle
Balcony
Flame
Curtains Open
Eighty Eights
A Burned Letter
Wheel Broke
The Suns Gliding!
New
Rings