CORTNEY TIDWELL – Don’t Let Stars Keep Us Tangled Up
(Ever records / Pias) – acheter ce disque
"Don’t Let Stars Keep Us Tangled Up" est le premier album d’une Américaine de Nashville qui, élevée au son de Johnny Cash et de Hank Williams, s’est largement émancipée de ce tropisme musical pour créer un univers personnel. A la première écoute, celui-ci m’a un peu rappelé les disques de la Canadienne Tamara Williamson, elle-même encore peu connue en France, sur lesquels des constructions folk magnifiées par une voix cristalline se fondent dans une recherche sonore sophistiquée. Le premier morceau de "Don’t Let Stars…" en donne l’exemple : harmonium et guitare acoustique tissent l’écrin duveteux sur lequel la voix de Cortney se dépose prudemment avant que le morceau ne se laisse emporter par une boucle de guitare noisy et une batterie martiale.
A partir de là, selon une logique capricieuse et imprévisible, l’Américaine entame une traversée qui élargit son spectre musical, et apporte à chaque morceau, son lot de surprises : ainsi de "The Missing Link", electro-pop mignonnette brusquée par les zébrures vocales (Cortney a alors des attaques dans les aigus qui rappellent Sinead O’Connor) ou, de façon encore plus spectaculaire, le morceau-titre de plus de sept minutes, qui ouvre sous des auspices electro (des beats à la Depeche Mode, une voix sous-exposée et versatile comme sur certaines chansons du "Vespertine" de Björk, influence encore présente sur "Illegal"), avant de s’épanouir en une sorte de rêverie cosmique éthérée, avec chœurs aériens, pulsations cardiaques, rotatives mécaniques, larsens de guitares. Osé et assez réussi. Plus loin, un duo chaloupé avec Kurt Wagner (Lambchop) joue sur tous les tableaux : rock, cabaret, ambient.
Le moindre son est traité avec un soin maniaque, les mélanges les plus improbables sont testés (saxophone, guitare électrique, beats électroniques, pedal-steel ou banjo) et la composition semble éviter soigneusement les marquages trop évidents de l’alternance couplet-refrain pour inventer un art étrange de la digression et de la continuité des parties. Ces bizarreries, et d’autres encore, qui constituent d’ores et déjà une signature, apportent constamment au disque son originalité et sa fraîcheur. Reste à espérer que cette singularité puisse assez vite trouver le public qui saura en apprécier la maturation.
David Larre
Eyes Are at the Billions
Pictures on the Sidewalk
The Missing Link
I Do Not Notice
La La
Don’t Let Stars Keep Us Tangled up
New Commitment
Society (feat. Kurt Wagner of Lambchop)
Our Time
Illegal
The Tide