HEFNER – The Best Of Hefner
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Le chaînon manquant entre Pavement et Okkervil River était (bizarrement) anglais. Et n’est plus. Encensé par John Peel en son temps, Hefner aura sorti 5 albums entre 1998 et 2002, connaissant une carrière fulgurante dont la trajectoire n’est pas sans rappeler celle de la vie, à savoir une belle et courte ascension suivie d’une lente régression parcourue de soubresauts. En l’occurrence, des tatonnements des débuts au coup d’éclat de "Breaking God’s Heart", album de la révélation, et à la prise de grosse tête et la tentative de confirmation (ratée comme il se doit) de "The Fidelity Wars". Puis de la remise en question "Boxing Hefner" à "We Love The City", album de la maturité, et enfin à "Dead Media", décadence dans un fourvoiement électronique.
Ce disque, dont l’ordonnancement des titres est plus ou moins chronologique, rend compte de cet ordre des choses, et apparaît ainsi comme le témoignage émouvant de l’évolution d’un groupe de rock indépendant de la fin du 20ème siècle. Il pourrait d’ailleurs être la bande son idéale d’un film traitant du sujet. Ce film serait drôle, touchant, et son issue prévisible, mais on prendrait quand même plaisir à le revoir. Car Hefner est parvenu en 6 années d’activité à réaliser ce que l’amitié d’une bande d’amis passionnés de musique peut faire de mieux, tout en tombant dans toutes les embûches et tous les travers qui se présentent à un groupe honnête et sincère. C’est cette fragilité et les moments magiques où la musique est bonne et reflète la passion qui l’anime, qui rendent ce disque si touchant à mon sens. Et si on est en droit de dire que n’importe quelle bande d’amis désoeuvrés en aurait fait autant, on est également en droit de penser que peu y seraient parvenus avec autant d’élégance.
Les morceaux majeurs de cette compilation sont "The Sweetness Lies Within" et "The Sad Witch", issus de "Breaking God’s Heart", où l’effervesence et l’envie des débuts est palpable, ainsi que "Good Fruit", tiré de "We Love the City", où le groupe est en pleine possession de ses capacités musicales. On regrettera par contre l’absence de certains autres titres du premier album, tels que "Love Will Destroy Us In The End" ou "The Librarian". Si cet album n’est pas indispensable, il a le mérite de rappeler et de célébrer l’existence d’un groupe humain, attachant et sous-estimé qui, s’il n’aura jamais été aussi bon que sur son premier essai, y sera parvenu – en un jet qui ressemble fort à un cri – à marquer de son empreinte l’histoire du rock moderne.
Nicolaz Guidon
Better Friend
Christian Girls
Pull Yourself Together
Sweetness Lies Within
Sad Witch
Hello Kitten
Lee Remick
Hymn for the Cigarettes
Hymn for the Alcohol
I Took Her Love for Granted
Don’t Flake Out on Me
I Love Only You
Good Fruit
Greedy Ugly People
Painting and Kissing
Greater London Radio
Day That Thatcheer Dies
Alan Bean
When the Angels Play Their Drum Machines
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