THE WEDDING PRESENT + RHESUS + SCARLING – Le Brise-Glace, Annecy, 19 Mai 2006
Mon Dieu. The Wedding Present. A Annecy. Après avoir passé un bon quart d’heure à chercher le piège, il faut se rendre à l’évidence. Un rêve incarné.
Ouverture des hostilités à 21 heures, avec le trio grenoblois de Rhesus, forts de leur premier LP, et d’une victoire au concours CQFD 2004 organisé par les Inrocks. Je ne connaissais en fait d’eux que "Your Smile is a Commercial Food", chanson qui leur aura permis de gagner le concours susnommé, et leur excellente réputation scénique. Bien fondée au vu de l’heure de concert qui s’ensuivit : avec énormément d’énergie déployée, leur power-pop lyrique prend une ampleur certaine sur scène. Mais, car bémols il y a, un certain nombre, comment dire, d’"éléments" posent problème : la voix de Laura (basse/chœurs/chant), nasale et aiguë, est régulièrement gênante ; les compositions sont sympathiques, sans plus ; enfin, dès que le leader Aurélien (très à l’aise au demeurant) troque sa Telecaster pour un piano électrique, son ténor juvénile devient – magie !- également irritant. Agréable concert malgré tout.
Ce qui ne sera pas le cas de la prestation de Scarling : le quintet originaire de la côte ouest américaine, inconnu au bataillon, délivre une musique sans grand intérêt, sorte de croisement malheureux entre gothic-rock curiste, rock soul école The Gossip (en moins bien) et rock chiant école Cranberries. D’ailleurs, combien ont-ils joué de titres, un ou huit fois le même ? Seule la batterie, "métallisante" par endroit, sauve l’ensemble du marasme.
Bon. Passons aux choses sérieuses. "Nous sommes le cadeau de mariage".
The Wedding Present sur scène, c’est -oserai-je le mot ?- punk. "More intense every year" dira David Gedge. Et c’est la pure vérité. Seul directement éclairé de toute la prestation, l’Anglais n’aura de cesse de cisailler ses cordes de guitare et, plus douloureusement encore, vocales. Le reste du groupe, forcément parfait, se fait comme à son habitude discret, laissant le jeu scénique aux convulsions et à l’incroyable gueule d’acteur (cf. Robert Forster dans "Jackie Brown") de son leader. Sur scène The Wedding Present abandonne beaucoup de son côté pop au profit d’une impressionnante énergie rock’n’roll, à tel point que la prestation pourtant intense de Rhésus en pâtira rétrospectivement. La set-list fait la part belle aux anciens titres, ne faisant profiter des beautés de leur dernier chef-d’œuvre "Take Fountain" (Talitres) qu’à trois reprises, notamment par un "I’m from Further North Than You" impérial. Single qui, aux dires et au grand étonnement de Gedge (qui vieillit admirablement bien), aurait surclassé dans les charts anglais "White Christmas" de Bing Crosby. Rien de moins. Un "Corduroy" monstrueux. Le concert s’achèvera finalement sur un "Octopussy" (également extrait de "Seamonsters") apaisé. Sublime.
PAM