MINOR MAJORITY – Reasons To Hang Around
(Vicious Circle / Wagram) [site] – acheter ce disque
Etant donné la fréquence des récentes offensives viking (2001, premier album des Kings of Convenience ; 2004, "Up for U and I" de Minor Majority) la folk norvégienne ne nous apparaît plus comme étrangère. On n’est donc pas en terrain inconnu lorsque l’on découvre "Reasons to Hang Around", qui trouve assez naturellement sa place au sein de ce paysage.
Ce n’est pas parce qu’il apparaît d’emblée comme familier que "Reasons to Hang Around" manque de singularité ou de personnalité. Se détache avant tout la voix bien caractéristique de Pål Angelskår, toujours aussi posée, profonde et chaleureuse. Celle-ci nous chante avec une certaine gravité la désillusion, l’amertume. On a l’impression d’un monde qui se délite, monde dont on ne peut que constater sagement, avec distance, la perte. On a bien quelques chansons entraînantes, avec de temps à autre une touche d’humour, comme dans "Alison", où les accompagnements à l’harmonica et au banjo laisseraient presque croire que l’on a délaissé les fjords pour s’installer dans un décor de western. Mais l’impression qui domine est celle d’une mélancolie et d’une lassitude généralisées. Ces sentiments s’installent tout en douceur, avec une remarquable sobriété : la légèreté des mélodies, l’allure de ballade propre à la plupart des morceaux contrebalancent la profondeur de la voix du chanteur de sorte que ce qui se dessine, c’est une impression d’émotion contenue. On ne tombe jamais dans la complaisance, puisque nos Norvégiens prennent bien soin d’éviter toute forme d’effusion sentimentale ; ils se contentent de constats sobres, qui nous atteignent d’autant plus que l’on sent bien ce qu’ils dissimulent.
Pourtant, malgré cette formule plutôt convaincante à la première vue, on est assez rapidement envahi par un sentiment de lassitude. On a l’impression que "Reasons to Hang Around" s’épuise à l’écoute. La proportion de chansons structurées selon la formule couplet/refrain/couplet donne à l’album une allure assez répétitive, qui tend à dissimuler la présence de morceaux incontestablement touchants, tels que "The Long Way home", ou encore "What You Do to Me". On se dit que ces chansons à la forme assez classique gagnent sans doute toute leur force en concert, mais deviennent trop vite lassantes à la simple écoute du disque. Par ailleurs, l’absence de variété des accords alimente ce sentiment de monotonie : on reste souvent dans la même tonalité, adaptée pour chanter la déception, mais lassante à l’écoute. A consommer avec modération donc, parce que le sentiment de satiété arrive assez vite, malgré la beauté indubitable de certains morceaux.
Catherine Guesde
Wish You’d Hold That Smile
Don’t Say You Love Me
Come Back to Me
As Good As it Gets
There Will Come Another
Alison
You Were Saying
Let the Night Begin
Supergirl
Keep Coming Around
No Particular Girl
The Long Way Home
What You Do to Me