TWO GALLANTS – What The Toll Tells
(Saddle Creek / Pias) [site] – acheter ce disque
Si vous avez lu le livre de Douglas Cowie, "Owen Noone & Marauder", vous savez de quoi on va parler : un duo de gamins US à Converse et sweat-shirt à capuche et qui beugle (le terme est délibéré) des ballades traditionnelles écorchées comme si on allait les faire frire sur une chaise électrique. Evidemment, il y a des différences : le binôme de Two Gallants comprend un batteur et écrit ses propres morceaux – ou en tout cas laisse tourner les bandes pendant qu’ils jamment (quatre chansons dépassent les huit minutes, il vous faudra du courage). Même si un buzz de plus en plus insistant commence à entourer cet album (des Whites Stripes country-punk, ou quelque chose dans le genre), il n’y a pas non plus de quoi mettre le feu à la prairie. Le chanteur-guitariste Adam Stephens braille comme si on lui avait coincé un chat sauvage dans la gorge, les harmonies du batteur Tyson Vogel rappelant celles que pourrait prodiguer un amputé sans anesthésie. Dans ses pires moments, "What the Toll Tells" évoque des groupes assommants de la décennie précédente (16 Horsepower), voire de celle d’avant (on ne peut pas vous en vouloir d’avoir oublié les Shoulders et personne ne s’attendait à les voir revenir) ; dans les meilleurs, Two Gallants sonne comme un Crazy Horse acoustique plongé dans une cuve d’acide et avec le Bob Dylan de "Freewheelin’" à l’harmonica. Ce n’est pas la première fois qu’un groupe mélange une énergie éructante issue tout droit du punk-rock et les racines traditionnelles du folklore américain (les groupes cow-punk à Los Angeles au début des 80’s, les Violent Femmes de "Halloweed Ground") et il est amusant de voir comment ce recyclage est présenté comme une nouveauté affriolante alors qu’il est aussi frais et excitant que le concours Miss France. Remarquez bien que les Two Gallants s’en fichent : eux n’étaient pas nés à l’époque et ils balancent leurs chansons avec suffisamment de conviction chancelante, d’énergie et d’incapacité à les jouer correctement pour qu’on ne les taxe pas d’opportunisme. On ne souhaitera pas aux Two Gallants le même succès avec ce disque qu’aux protagonistes du roman de Cowie : outre que cela pourrait les inciter à en sortir un autre, si vous avez lu le livre, vous savez aussi pourquoi.
Jean-Christophe Mauger
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