ARCHIE BRONSON OUTFIT – Derdang Derdang
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Bonjour. Ça va faire bientôt quatre heures que je n’ai pas touché à un disque d’Archie Bronson Outfit… Oui… Merci beaucoup. Au début, pour m’habituer à ne plus écouter la musique, je gardais le CD à portée de regard, juste pour me rassurer. Et puis, petit à petit, j’ai réussi à l’éloigner progressivement. A l’heure où j’écris ces lignes "Derdang Derdang" n’est même pas dans la pièce… Merci. Tout a commencé avec un clip il y a quelques semaines. Je ne sais pas ce qui s’est passé ce soir-là. Un instant de faiblesse, un moment d’angoisse et de solitude… J’ai cliqué et le clip de "Dart for My Sweetheart" a défilé. J’ai tout de suite compris qu’il était trop tard. Mais il n’y avait plus rien à faire. Ces trois barbus en noir et blanc coincés dans un périmètre étroit, le batteur blasé, les cris de fouine étranglée du chanteur, l’entêtante caresse électrique de la guitare… et puis le refrain étoffé de toutes ces joyeuses hippies en robes à fleurs, qui dansent et chantent, l’air de rien, en frappant des mains, ravies, comme si rien d’incroyable n’était en train de se passer. Evidemment, dès cet instant, c’était devenu obsessionnel. Il me fallait mon clip avant de me coucher, mon clip pour me réveiller, mon clip avant de faire les courses. Et puis après, pensant naïvement que ça m’aiderait à arrêter, j’ai écouté l’album. C’était horrible : toutes les chansons ressemblaient à "Dart for My Sweetheart". Aucune heureusement ne m’a fait complètement le même effet, mais chacune aurait pu y arriver si j’avais n’avais pas eu la prudence à laquelle m’incitait l’écoute préalable du single. A chaque fois un riff de guitare infaillible, à chaque fois la voix du chanteur à deux doigts de s’étouffer, à chaque fois la batterie moitié martiale moitié nonchalante. Pires encore, cette atmosphère générale de liberté brutale mais maîtrisée, cette façon dégagée de faire naître une ambiance torturée et ludique à la fois, en toute simplicité. Sans parler de ce recours systématique à des refrains aussi basiques que fédérateurs, qui surplombent l’harmonieuse cacophonie environnante. Et ces cris, toujours ces cris. J’avais beau me dire que tout ça n’était rien, que des power trios de ce genre pouvaient éclore toutes les semaines dans la perfide Albion, je ne parvenais pas à m’ôter de la tête que quelque chose de différent se passait avec Archie Bronson Outfit ; une élégance spontanée et pince-sans-rire, jaillissant de ce cocktail énergique, avait cette enivrante et inépuisable saveur de nouveauté. De l’homogénéité presque excessive du disque, de son authenticité dans la représentation d’un plaisir à l’agonie, j’étais devenu en quelques heures l’esclave soumis. Heureusement, tout va beaucoup mieux maintenant… Je ne suis plus du tout dépendant… Où ai-je mis ce satané disque ?
Jean-Charles Dufeu
Cherry Lips
Kink
Dart For my Sweetheart
Got to Get (Your Eyes)
Dead Funny
Modern Lovers
Cuckoo
Jab Jab
How I Sang Dang
Rituals
Harp for My Sweetheart