THE SECRET MACHINES – Ten Silver Drops
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Si le jeu des sept familles s’insinue plus que de raison dans les chroniques modernes, c’est peut-être aussi à cause des Secret Machines. Sur leur premier album, "Now Here Is Nowhere", ces néo New-Yorkais issus de l’underground texan avaient misé sur un concept à la fois intrigant et profondément humaniste : le plagiat à vocation ludique. Dès la première écoute, ce disque d’une rare grandiloquence invitait en effet autant au blind test qu’au voyage. De Led Zeppelin à Grandaddy, des Flaming Lips à New Order, de Ride à Oasis en passant par Neu!, U2 et Pink Floyd (période Archive), impossible de dresser une liste exhaustive des oreilles qui ont sifflé le jour de sa sortie en mai 2004.
Le programme de conquête spatiale élaboré par les frères Curtis et le guitariste Josh Garza entre ces jours-ci dans sa seconde phase. En janvier dernier, un nouveau single – très sobrement intitulé "Alone, Jealous and Stoned" – a été lancé en éclaireur sur le marché anglais, précédant de peu les premières fuites (anodines…) de "Ten Silver Drops" sur les réseaux P2P. A l’écoute du morceau, une question remonte jusqu’aux lèvres : y aura-t-il un jour des stades placés en orbite ? Si c’est le cas, les Secret Machines ont devant eux une carrière toute tracée de pompiers de l’espace. Bien plus qu’un hymne ampoulé, c’est un appel au briquet de presque 7 minutes qui ouvre l’album…
Visiblement moins regardant sur ses références, le groupe s’est détourné de la grande Komische Musik revendiquée à ses débuts pour remettre du lest dans les débats. Du coup, ça ne décolle jamais. La section rythmique est lourde, les mélodies sont grasses, le chant n’a aucun relief et l’ensemble pèse des tonnes. Si chaque morceau se traîne lamentablement, la palme revient sans conteste à "Daddy’s in The Doldrums", boursouflure de 9 minutes qui aurait sûrement fait dire à Keith Moon : "ce groupe va s’écraser comme un zeppelin de plomb sur une armée de grues !" Le trio déclarait récemment à un webzine allemand avoir usé d’un taux de conversion imaginaire afin d’alléger certains morceaux jugés trop complexes. Ça fait froid dans le dos…
Sur leur premier album, les Secret Machines ne faisaient pas vraiment du rock. Ils faisaient de la science-fiction. Leur son tenait tellement du bordel d’influences (krautrock, shoegaze, psyché, indé, stoner) qu’ils en devenaient un groupe presque immatériel, voire conceptuel. Aujourd’hui, ils cherchent manifestement à devenir à la fois U2 et Muse, groupes pour lesquels ils officièrent d’ailleurs en tant que première partie. Déjà prétentieux et en passe de devenir mainstream, il ne leur manque que l’art de la pyrotechnie pour venir concurrencer la bande à Bellamy.
Dante Nolleau
Alone Jealous & Stoned
All at Once (It’s Not Important)
Lightning Blue Eyes
Daddy’s in The Doldrums
I Hate Pretending
Faded Lines
I Want To Know
1,000 Seconds