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Mogwai – Mr Beast

MOGWAI – Mr Beast
(Rock Action / PIAS) [site] – acheter ce disque

MOGWAI - Mr BeastMogwai traîne depuis une bonne partie de sa carrière l’étiquette et le flambeau du mâle dominant de la famille du post-rock. Or on sait que les Ecossais détestent cette classification qui leur colle à la peau et ont essayé de s’en défaire notamment au travers d’un "Rock Action" teinté d’ambiances quelque peu pop et par le trop sous-estimé "Happy Songs for Happy People", magnifique album atmosphérique qui aura eu le malheur de faire perdre au groupe la dévotion d’une partie des ses fans, par ses titres plus courts qu’à l’accoutumée.
Ce nouvel album, annoncé comme un retour au Mogwai des débuts, ravira les initiés, mais révèle toutefois une certaine subtilité qui marque également la fin d’une époque révolue, le groupe n’hésitant pas à balayer d’un revers de manche les éléments qui faisaient sa caractéristique.
Tout d’abord, chose indéniable, le piano est au centre de l’album. Il s’impose massivement et majestueusement dès l’ouverture avec le titre "Autorock", véritable hymne d’une grandiloquence évidente. Cette domination du piano se révèle également au cœur de l’album avec "Team Handed" sur lequel chaque note jouée par cet instrument ponctuant les envolées de ce titre cogne dans nos têtes à la manière d’une pluie battante qui viendrait frapper notre visage. Arrive ensuite "Emergency Trap", morceau anecdotique, nettement en dessous du niveau général du disque.
Dans l’ensemble "Mr Beast" se révèle donc plus calme qu’à l’accoutumée, la rage qu’offrait régulièrement le groupe semble s’être estompée, mais ce serait oublier le deuxième morceau (pourtant je défie quiconque de me citer un autre titre, s’il ne devait en retenir qu’un à la première écoute du disque, que ce "Glasgow Mega-snake"), véritable uppercut lancé dans les oreilles de l’auditeur. D’une efficacité diabolique il promet de jolis sifflements dans notre appareil auditif à la sortie d’un des futurs concerts du groupe (qui a de surcroît la réputation de jouer très fort en live).
Mogwai s’est ainsi défendu de vouloir trancher avec la structure habituelle de ses morceaux que tant de groupes de post-rock ont allégrement copiée. A savoir des morceaux instrumentaux à l’introduction longue et calme s’échouant magnifiquement dans une intensité remarquable. Ce pari est presque réussi : le groupe continue à chanter sur quelques titres dans la lignée des deux précédents LP, aucun morceau ne dépasse les 6 minutes réglementaires… Je dis presque et c’est la que le bât blesse, les deux morceaux assurément les plus réussis de l’album, à savoir "Travel is Dangerous" – dont le riff d’introduction semble emprunté à l’un des premiers EP du groupe, chanté par la discrète voix de Stuart Braithwaite et glissant rapidement dans un déluge sonore typiquement écossais – ainsi que le superbe "Folk Death 95", reposent sur ce schéma habituel. Mais il est vrai que le passage dans la dimension intense du morceau est beaucoup plus subtil et maîtrisé.
Au final, alors que certains spécialistes anglais annonçaient en ce "Mr Beast" un nouveau "Loveless", peut-être par une fin d’album quelque peu plus aérienne (le sympathique "I Chose Horses", chanté par le Japonais Tetsuya Fukagawa du groupe Envy, signé sur Rock Action, dans sa langue natale ainsi que sur l’ultime "We’re No Here" soutenu par de larges nappes de guitares), "Mr Beast", sans révolutionner la musique du groupe, est loin de faire tâche dans la discographie de Mogwai. Au contraire, par ses quelques innovations, il démontre la faculté de ces derniers à contenir leur musique et leur fureur, hormis sur ce fameux "Glasgow Mega-Snake", mais il fallait bien relâcher ce désir sonore et physique à un moment ou l’autre pour obtenir ce résultat.

Julien Collinet

Auto Rock
Glasgow Mega-Snake
Acid Food
Travel is Dangerous
Team Handed
Friend of the Night
Emergency Trap
Folk Death 95
I Chose Horses
We’re no Here

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