4TRECK – Je Me Promenade
(Partycul System ) [site]
Attention, OVNI. Ce disque de Sam Callow ne risque pas de cartonner au sommet des charts (ce qui est plutôt bon signe, quelque part), mais reste absolument fascinant par certains aspects mélodiques d’une pureté rare ("Le sais moi"). L’utilisation d’instruments-jouets et d’éléments musicaux variés, associés à des bidouillages lo-fi (rappelez-vous les premiers Beck) créent un univers naïf proche de celui de Pascal Comelade (la pop n’est elle pas la musique de tous les Peter Pan ?) entre l’onirisme et une inquiétude latente. A côté de ces moments lumineux, Sam Callow sait distordre à souhait les sons nés de son cerveau dérangé. On se retrouve ainsi avec des morceaux répétitifs et étranges, où l’électro vient apporter une dimension plus brute, non loin de certaines ambiances d’Aphex Twin. Le caractère artisanal de l’album (un certain nombre de morceaux a été enregistré sur un 4-pistes analogique) renforce la dimension chaude et attachante ("Folk sans Mettle Neuf", en entrelacements de guitares acoustiques et d’harmonium.)
La surprise tient à la grande diversité des styles abordés, avec des moyens techniques limités : du ballet russe ("Russians") à la ballade mélancolique, en passant par les influences sud-américaines ("Salsam"), chaque titre de l’album détient par lui-même une forte identité musicale, tout en arrivant à s’incorporer dans la lignée mélodique globale de l’album. Cette prouesse permet à "Je me promenade" d’être considéré comme un concept-album. La diversité dans l’unité, en fait. Cette ouverture musicale pratiquée par Callow se retrouve également dans des références prégnantes : Dusty Springfield, Frank Sinatra ou encore Henry Purcell, dont il a traduit "The Fairy Queen" pour élaborer le morceau "Le sais moi".
L’album doit être envisagé comme le carnet de voyage de Sam Callow, fruit de ses pérégrinations sur près de 8 ans (l’album, enregistré entre 1997 et 2005 à Reims et Londres, est d’ailleurs "dedicated to the last eight years"), chaque titre évoquant un paysage, une couleur. Il y a toujours un aspect tragique dans une œuvre totalement individuelle. Je le vois aussi comme un signe des temps, la montée de l’individualisme et du "on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même". La solitude créatrice donne souvent naissance à des œuvres fortes mais dépourvues de plaisir. Quelque chose comme la magie et l’alchimie d’un groupe. C’est toute l’ambiguïté du home-studio, il y a un côté "artiste total", mais on perd parfois un petit quelque chose en chemin. Quoiqu’il en soit, 4Treck a signé ici une incitation aux voyages, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs. Intelligent et émouvant.
Frédéric Antona
FrogJig 4b
Socasam
Folk sans mettle neuf
Pong Ping
Kitchinois
Le sais moi
Dusty Spring
Russians
Frankensinatra
Kamchatka the 2nd
Salsam
No no no no
Trop court
Stic vs Tric
4/97
Cadence
Je me promenade