ADAM GREEN – Jacket Full Of Danger
(Roughtrade / Pias) [site] – acheter ce disque
Drôle de monsieur que cet Adam. Si personne n’a oublié ses premiers essais ludiques et jubilatoires au sein des Moldy Peaches, accompagné de son mentor de l’époque, Kymia Dawson, il n’y a rien dans ce disque qui rappelle franchement ce temps joyeusement déjanté et maintenant révolu. Ici, le toujours jeune homme s’est légèrement assagi, remplaçant les faux airs de flûte et les accords approximatifs par des cordes de violons et des structures bien nettes, sans pour autant renoncer aux textes rigolos, mêlant truculence et grivoiserie, qui faisaient déjà l’un des atouts du groupe new-yorkais. La dernière chanson de cet album, au titre évocateur, en est un bon exemple, agissant comme une pince à désopiler. Mais l’évolution de la personnalité de notre ami américain se mesure plutôt à celle qu’a connu sa voix au cours de ces dernières années. Un timbre devenu lourd et caverneux, nourri à un blues lointain, qui, dans le meilleur des cas, n’est pas sans rappeler les grosses pointures du genre, Nick Cave par exemple, ou même plus directement Johnny Cash, notamment lorsque l’accompagnement instrumental puise à la même tradition américaine. A la première écoute, on croirait parfois entendre un nouvel émule du "man in black" interpréter son hommage à une vieille idole. Jusqu’à "White Women", où le pastiche des Doors, période L.A. Woman, est presque flagrant. Et c’est là qu’on s’étonne. Car si la voix d’Adam Green a de la personnalité et une certaine profondeur, elle n’a sans doute pas tout à fait le charisme nécessaire pour faire reposer à ce point les chansons sur elle. Et même si les paroles nous aident à tendre l’oreille, il faut plus qu’une auto-proclamation implicite en crooner des temps modernes pour faire adhérer complètement à la ribambelle de morceaux qui s’enchaînent en une demi-heure, évidemment d’emblée sympathique, mais de faible endurance. De ceux-ci, on retiendra finalement trois titres emblématiques. La raisonnablement survoltée "Novotel", qui attire l’attention sur les qualités de songwriter (et pas seulement d’arrangeur) du jeune New-Yorkais. "Nat King Cole", qui parvient en deux minutes trente à évoluer de façon si dynamique et spontanée qu’on a du mal à croire qu’une telle élasticité puisse tenir en moins de cinq ou six minutes. Et surtout "Cast a Shadow", superbe petite ballade qui fait mouche dès son intro, troussée comme il faut autour de son refrain imparable, aussi difficile à (bien) chanter que facile à retenir. Pas de chance, il s’agit en fait d’une reprise de Beat Happening, à laquelle Adam n’a d’ailleurs pas changé grand chose. C’est dommage parce qu’on a là certainement la meilleure chanson du disque ; et il aurait fallu que toutes les autres soient à la hauteur de cette reprise pour qu’on tienne un album qui satisfasse nos espérances. Pas grave. On peut toujours les revoir à la baisse pour le prochain.
Jean-Charles Dufeu
Pay the Toll
Hollywood Bowl
Vultures
Novotel
Party Line
Hey Dude
Nat King Cole
C-Birds
Animal Dreams
Cast a Shadow
Drugs
Jolly Good
Watching Old Movies
White Women
Hairy Women