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Disques

Minus Story – No Rest for Ghosts

MINUS STORY – No Rest For Gosts
(Jagjaguwar / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

MINUS STORY - No Rest For GostsLes touches du piano s’enfoncent toutes seules. Le souffle des voix, plus tard, fait son apparition. La guitare électrique donne de l’opacité à l’air. Et Minus Story prend possession des lieux en quelques mesures. Vous ferez bientôt partie de ces lieux.
Il y a des disques à la tentation desquels il n’est pas difficile de céder. Ici, c’est différent. On tâte timidement d’abord, on résiste peut-être un peu, on titube ensuite ; on s’engloutit. Et on se laisse tout à fait hanter. Tranquillement anéanti par une trouble et gracieuse torpeur. Difficile de déterminer de quoi se nourrit le charme de Minus Story. De nos âmes sans doute. De celles de ses musiciens plus certainement encore. Entre l’électricité presque systématiquement saturée de la guitare, qui parvient pourtant à s’ériger en modèle de légèreté, la rythmique toujours à la limite de la sophistication, frappante de limpidité néanmoins, et bien sûr les voix qui s’envolent parfois si haut qu’on craint de ne pas avoir les oreilles assez bien faites pour aller les chercher, l’atmosphère se construit d’une sombre mais diaphane élégance. Flottante mais sépulcrale, la musique a cette noirceur éthérée qu’on n’a que rarement rencontrée auparavant, mais dont avait peut-être déjà aperçu des émanations au détour de l’hypnotique "Dead Man" (le film et sa bande-originale). Même tension nocturne ici, même clairière d’obscurité. Et plus que jamais, les perles savent briller dans le noir : "Knocking on Your Head", lentement hachée par la guitare électrique, donne le ton de l’album, dans sa singularité déséquilibrée, "Hold On", escale acoustique rythmée à l’orgue, est la digne descendante de "Knocking on Heaven’s Door", "Little Wet Head" nous fait un moment croire à une escapade hors du côté obscur, tout en dévoilant une nouvelle fois ce qu’une belle voix peut avoir de poignant. Quant au final de l’album (les deux derniers titres fort emblématiques), s’il est particulièrement crépusculaire, ce n’est pas le désenchantement qui l’habite, mais une splendeur magique propre aux spectres. Car la musique de Minus Story ne mêle pas le désespoir à la grisaille bleutée de ses compositions. Les grands cimetières sous la lune leur ont certainement servi de cadre, mais l’astre de la nuit a aussi sa lumière. C’est ce qui transpire de chacun de ces morceaux, empreints d’une vision fantasmagorique de l'(in)existence autant que d’une véritable mélancolie. Et quand le disque touche à sa fin, c’est un tout un pan de réalité qui s’écroule, celle que, sans répit, ont instaurée ces revenants improbables… Il y a pourtant bien de quoi ne pas en revenir.

Jean-Charles Dufeu

I Was Hit
Knocking on Your Head
Ringing in the Dark
Hold on
Little Wet Head
Waking up
Will I Be Fighting ?
There Is a Light
To the Ones You Haunted
In Our Hand

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